A Beyrouth, de nos jours, une simple insulte adressée par Toni, un garagiste chrétien libanais à Yasser, réfugié palestinien chef de chantier, va conduire les deux hommes devant les tribunaux.

De blessures secrètes en révélations, l’affrontement des deux avocats qui sont en réalité un père pro israélien et sa fille pro palestinienne, va conduire le Liban au bord de l’implosion sociale dans une complexité historique. Mais l’histoire de chacun des protagonistes, le sens aigu d’une certaine justice et un sens de l’honneur à vif, vont obliger les deux parties à se regarder en face comme deux êtres humains issus du monde des humains.

Cinéma : L'insulte
Cinéma : L’insulte

Ziad Doueiri a été reconnu moins pour ses films précédents ( «L’attentat » notamment, en 2012) que pour les séries politiques 1 et 2 de « Baron noir» qui ont connu un vrai succès lors de leurs diffusions sur Canal + (La saison 2 vient de commencer).

Le point de départ du film a été un incident banal survenu entre le réalisateur lui-même et un plombier, il y a quelques années à Beyrouth. Comme dans le film qu’il allait réaliser, un simple échange de mots peu aimables entre deux individus allait dégénérer.

Et comme dans le film, l’escalade dans les tensions puise ses vraies raisons à d’autres multiples niveaux et la complexité de la situation au Moyen Orient n’en manque pas.

Le film de Ziad Doueiri est magnifiquement construit autour de l’échafaudage d’un conflit bénin au départ, une insulte lancée sous le coup de la colère et qui va enfler jusqu’à devenir une véritable affaire d’état, impliquant les plus sphères politiques.

Le contexte politique du Moyen Orient peut voir monter en épingle le moindre différend de voisinage pour peu que l’un et l’autre des parties appartiennent à des communautés ou à des sensibilités religieuses différentes.

Le sujet de « L’insulte» prédisposait le film à une structure schématique, à un propos didactique.

Or, rien dans le traitement de l’histoire n’est attendu et les rebondissements qui surgissent et produisent un réseau de ramifications, conduisent bientôt et de façon presque souterraine jusqu’à l’affaire d’État.

Le film de Ziad Doueiri est une sorte de récit exemplaire qui témoigne de la difficulté pour les différentes populations vivant dans les zones les plus sensibles de cohabiter, de l’irascibilité des rapports et de la complexité du quotidien le plus ordinaire.

Il touche à la fois au problème dans sa vision générale et au problème dans l’individualité et dans la perception intime et révoltée de chacun.

Une œuvre forte touchante pour parler du monde en général et de ses particularités encore plus douloureuses.

Francis Dubois


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