Gilles Perret ( «Les jours heureux» « La sociale ») a, pendant trois mois emboîté le pas de Jean-Luc Mélenchon au cours de sa campagne présidentielle menée tambour battant, depuis les temps forts des énormes rassemblements jusque dans les moments d’intimité, les parenthèses en demi-teinte, les moments de certitude, les moments d’interrogation, les moments de doute.

D’entrée, il avait été convenu entre le cinéaste et Jean-Luc Mélenchon qu’il n’y aurait rien dans le film sur la vie privée du candidat et que les exigences du tournage du film n’entraveraient en rien le déroulement de la campagne. Finalement, la caméra de Gilles Perret a pu être présente, sans filtre, à tous les moments importants de cette campagne.

Cinéma : L'insoumis
Cinéma : L’insoumis

Si, dans ses précédents films, Gilles Perret faisait ressurgir des pans méconnus de notre Histoire contemporaine (l’action du Conseil National de la Résistance dans «Les jours heureux» , la création de la couverture sociale de santé dans « La Sociale») il a, avec « L’insoumi s» éprouvé le besoin de faire un film « ci et maintenant », de filmer lui-même, sans avoir recours ni à des images d’archives ni à un support musical.

Par ailleurs, le choix de Jean-Luc Mélenchon entre autres candidats à la présidentielle s’imposait pour Gilles Perret car il était le seul des hommes et femmes en lice qui portait le plus haut les questions sociales et environnementales qui sont au cœur de sa filmographie. Il voyait ainsi dans son choix, le prolongement de son travail de documentariste.

Et contrairement à ce qu’on pourrait attendre, il se dégage, et du personnage et du climat général de la campagne, une impression de sérénité qui tient sans doute à la montée incessante des sondages pendant le temps de la campagne que le film regarde de l’intérieur.

Et l’un des atouts de la réalisation sans artifice est de n’utiliser ni voix off ni musique afin de laisser le champ total aux images brutes.

Le résultat du travail de Gilles Perret est que ceux qui sont séduits par Jean-Luc Mélenchon se trouveront confortés dans leur admiration et que ceux qui lui sont hostiles le resteront. Mais tous découvriront des facettes du personnage qui ne sont pas celles que l’on voit habituellement dans les médias.

Et de ce fait, et c’est là toute la subtilité de la réalisation, le film devrait être vu sans distinction et dans le même apaisement par des citoyens de sensibilité de droite et par ceux qui penchent de gauche.

A aucun moment le personnage ne déborde le film qui reste d’un bout à l’autre dans le souci d’un regard objectif.

Magnifique travail de montage pour ce film qui restera le témoin d’un campagne présidentielle atypique avec des rebondissements qui ont amené à éviter la pire des issues, pensait-on.

L’avenir nous en dira plus.

Francis Dubois


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