En rentrant chez lui, Patrascu entend derrière une porte les bruits d’une violente dispute amoureuse.

Quelques heures plus tard, il apprend que sur les lieux, une jeune femme a été retrouvée morte, le crâne fracassé.

Les soupçons de Patrascu se portent aussitôt sur Vali, le voisin du premier étage qu’il a vu quitter l’appartement après la querelle.

Pourtant, pour une raison inconnue, quand il est interrogé par la police, Patrascu déclare qu’il n’a rien vu et ne révèle aucun indice qui pourrait aider l’enquête.

Il se tait même lorsque Vali se met à s’immiscer dans sa vie en créant des liens étroits de voisinage avec son fils passionné comme lui, de jeux-vidéos, et sa femme qui, contre un service rendu l’invite à leur table.

Cinéma : l'étage du dessous
Cinéma : l’étage du dessous

Radu Muntean a construit son scénario à partir d’un fait divers et de la question de savoir comment un homme mature, responsable et de nature énergique peut fermer les yeux sur un drame prévisible et ne rien faire pour l’éviter au moment où celui-ci est sur le point de se produire.

Et comment, par la suite, il a pu se retrouver dans l’impossibilité de fournir aux enquêteurs le moindre élément qui aurait pu les mettre sur la piste de l’assassin.

Le récit fonctionne sur les bases d’un quotidien « ordinaire » sans qu’aucun événement saillant ne survienne.

Tous les éléments étaient là pour donner lieu à un suspense, pour mettre en place un jeu du chat et de la souris sans que l’on sache qui est prédateur et qui est la victime.

Il n’en est rien et c’est en quoi le travail sur l’atmosphère et sur la construction du récit de Radu Muntean est remarquable.

Ici, pas de suspense, rien de haletant mais à la place, une sorte d’inquiétude constante, de malaise sans cesse reconduit.

A l’énergie de Patrascu, un homme débordant d’activités qu’il présente sans cesse dans l’action, le récit oppose le personnage de Vali, tout en ambiguïtés. Le regard direct du premier à celui fuyant, insaisissable, du second.

Radu Muntean conduit son récit dans la même tonalité d’un bout à l’autre entre simple déroulement du quotidien et tension souterraine, notamment au cours des tête-tête entre les deux hommes. Du coup, dans ce choix narratif, même la passion pour les jeux vidéo de l’adolescent devient un élément inquiétant du récit, propre à générer le dénouement dramatique qu’on appréhende sans cesse.

« L’étage du dessous  » garde le spectateur sur un qui-vive prenant et la tranquillité avec laquelle se

déroulent les événements à la périphérie du drame (le concours canin entre autres) au lieu d’annuler la tension, la renforcent.

Francis Dubois


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