Cette chronique du village de Boribrnol à Goa en Inde est vue à travers le regard de Santosh, un adolescent de seize ans qui vit seul avec sa grand mère dans la pauvreté et sous le joug d’un marchand de sommeil. Ils sont dans le dénuement alors, qu’à deux pas de là, sur les plages et dans les hôtels, se prélassent des touristes venus du monde entier.
Quand les exigences du tyrannique Juze le lui permettent, Santosh suit les cours du lycée où il excelle.
Les coups et les menaces dont il est victime à chaque fois qu’il montre la moindre opposition au seigneur de pacotille du village n’ôtent pas à l’adolescent son désir de réussir un jour, hors des limites géographiques soumises à l’oppression.
Depuis son enfance, Miransha Naïk a toujours été confronté à des individus ivres de pouvoir comme celui de Juze.
Ces «propriétaires» de bidonvilles s’imposent auprès des personnes les plus vulnérables et notamment les immigrés.
A l’origine, cette colonie portugaise était riche . Elle à toujours été perçue comme une sorte d’Eldorado et a, à cause de son caractère paradisiaque, connu un important flux migratoire.
Goa n’a pas attiré que des touristes et bien avant la décolonisation en 1961, un grand nombre de personnes venaient d’autres états d’Inde pour un trouver du travail et y assurer le plus souvent,
des travaux dont les Goans ne voulaient pas, souvent occasionnels, éprouvants et précaires.
Dans le film, Santosh et sa grand mère seuls et vulnérables, sans défense possible, réunissent toutes les conditions pour devenir les souffre-douleur du chef de village.
Les conditions matérielles dans lesquelles ils vivent les rangent au même rang que les immigrés et les exposent au même mépris de la part des habitants du village qui les considèrent comme des étrangers méprisables.
Mais très tôt, Santosh va montrer les premiers signes d’opposition à Juze et malgré les violences et les représailles en retour, il restera sur la même ligne offensive.
Son attitude résistante est une position risquée car les gens qui disposent d’un pouvoir si faible soit-il, en usent et les débordement d’injustice aidant, les rétifs se retrouvent souvent neutralisés ou jetés au fond des prisons.
Santosh est assez intelligent pour comprendre qu’en premier lieu, si on veut exister autrement que dans la soumission, ce qu’il faut combattre, c’est sa propre peur.
Santosh est un héros positif dont la force est d’avoir compris que le vernis d’autorité que montre Juze tient essentiellement à la peur qu’il inspire.
« L’enfant de Goa » pourrait être qualifié de récit naïf. Le film est un enchaînement de situations et d’événements qu’on pourrait dire attendus.
Mais l’obstination que montre Miransha Naïk à rester dans cette même ligne narrative, la construction presque schématique de son film, le jeu simple et sans effets de ses comédiens non-professionnels, contribuent à fournir force et solidité au film.
La dernière séquence de « L’enfant de Goa» , très brève au cours de laquelle se dessine à peine un avenir différent pour Santosh, est d’une concision et d’une efficacité rares.
Un très beau film. Un de plus à méditer.
Francis Dubois
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