Lorsque son fils vient chercher Ella pour la conduire à l’hôpital où elle doit être traitée pour la maladie grave dont elle est atteinte et qui lui laisse plus que quelques mois à vivre, il trouve la maison vide. Il trouve également vide le garage où était garé le vieux camping-car.
Ella est gravement malade et John perd parfois un peu la tête, mais complices de toujours, ils ont pris la poudre d’escampette pour effectuer un voyage dont ils sont certainement conscients que ce sera le dernier.
Dans leur vieux camping-car qui a servi à leurs vacances passées, et qu’ils avaient baptisé l’échappée b elle , il ont faussé compagnie à tout le monde, mis le cap sur Key West et entrepris de traverser une Amérique même s’ils ne la reconnaissent plus.
C’est pour eux, l’occasion de se remémorer leurs souvenirs de vieux couple et de lever le voile sur des épisodes de leur vie qui étaient restés dans l’ombre et le silence.
C’est parce qu’il a eu l’opportunité de tourner avec Donald Sutherland et Helen Mirren, que Paolo Virzi, réalisateur italien, a accepté de faire une entorse et d’aller réaliser un film en Amérique
Ella est vive, joyeuse, pétillante de vie et lui, s’il lui arrive d’avoir de gros trous de mémoire, est resté un amoureux de la vie et le chauffeur de camping-car virtuose d’autrefois.
Bien sûr ce qui arrive à ce vieux couple en chemin est parfois prévisible et toutes les déconvenues qui jalonnent le voyage, les confrontent à des épreuve dont ils sortiront à chaque fois vainqueurs grâce à la candeur due à leur âge et à leur enthousiasme.
Car le but de cette escapade singulière n’est-il pas de vérifier que, hors du quotidien livré au contraintes de leur grand âge et de la maladie, la tendresse qu’ils se portent a bien passé les épreuves du temps.
Et cette Amérique qu’ils traversent et que souvent, ils ne reconnaissent pas, foisonne d’informations à l’usage des spectateurs que nous sommes.
«L’échappée belle » est une variation sur le road movie, un genre dont le cinéma américain s’est, de tout temps, fait une spécialité.
Mais la relecture du genre est ici habitée par la poésie ironique et généreuse de Paolo Virzi et par le magnifique duo de comédiens que forment Donald Sutherland et Helen Mirren.
La singularité de ce cinéaste italien est de s’attaquer à des sujets grinçants, à priori tristes ou déprimants et de les tirer vers la fantaisie, l’humour, de les traiter sous la forme d’aventures légères et palpitantes.
« L’échappée belle » porte un regard bienveillant, tour à tour émouvant et drôle sur une façon espiègle, aveugle et lucide de vivre le dernier épisode «vivant» de son existence.
C’est à la fois l’histoire d’un pied de nez à la mort et à la docilité à s’y résigner.
Francis Dubois
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