La mort accidentelle de son fils Giuseppe plonge Anna dans la douleur et la solitude.

Dans sa somptueuse villa sicilienne marquée par le temps, qu’elle occupe seule, ne résonnent avec les siens que les pas du fidèle Pietro, l’homme à tout faire.

Jusqu’au jour où débarque à l’improviste, Jeanne, une jeune fille avec laquelle Giuseppe semblait avoir des projets d’avenir et qu’il avait invitée sans en parler à sa mère à passer quelques jours dans la grande maison familiale.

Cette arrivée inattendue sera pour Anne l’occasion d’ouvrir une parenthèse de survie. Tant que la jeune fille qui ignore tout du drame, sera à ses côtés, elles vivront ensemble dans l’attente du retour de Giuseppe qui devait réapparaître lors des fêtes de Pâques.

Réunies dans la même attente, Anna et Jeanne vont apprendre à s’approcher, se connaître et partager l’amour qu’elles ressentent l’une et l’autre pour Giuseppe.

Et la fausse réalité existe justement parce qu’elles en partagent l’illusion…

Cinéma : l'attente
Cinéma : l’attente

Piero Massina réalise avec «  L’Attente » qui est sa première réalisation de fiction, un film qui pêche par excès d’application, de soin; tellement irréprochable qu’en dépit des très belles interprétations de Juliette Binoche et de Lou de Laâge, l’émotion sur laquelle devrait reposer le film finit par faire défaut.

Les cadrages sont parfaits, les lumières également, tout comme l’utilisation des contre-jours, des effets de transparence ou des ralentis dont Piero Messina n’abuse pas.

La maison qu’habite Anna est superbe comme sont superbes les paysages environnants et les intérieurs. Magnifiques salons et cuisine de rêve où l’on prépare à la main des pâtes à la farine de caroube et de somptueuses marinades.

A la beauté du film à laquelle on se laisse prendre dans un premier temps, jusqu’à ce qu’elle devienne trop systématique, trop lisse, trop irréprochable, il aurait fallu que Piero Massina ajoute ça et là un peu de rugosité.

S’il était difficile d’introduire une once de méchanceté dans la relation qui s’établit entre les deux femmes, il y avait une opportunité à créer une rupture de ton avec la soirée qu’elles improvisent en compagnie de deux jeunes hommes inconnus dont la présence dans la maison aurait pu introduire une touche d’ambiguïté.

Piero Massina laisse passer l’occasion et le repas baigne dans un angélisme esthétisant pour un moment de plus irréprochable, lisse et bienveillant.

A peine, autour du personnage de Pietro, rôde-t-il une sorte de mystère.

Juliette Binoche est la grande comédienne qu’on sait et elle montre ici toute la finesse dont son jeu est capable et Lou de Laâge est une jeune comédienne gracieuse bien prometteuse.

Leurs qualités sont intactes. Dommage que le récit glisse sur elles et ne les accroche pas au passage…

La Sicile est belle, la maison superbe, les comédiens bien talentueux mais on n’est pas chez Visconti et Piero Messina est un élève sage, studieux et appliqué…

Francis Dubois


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