Les quatre récits qui constituent «  L’Ange blessé » ont pour cadre un village en partie dévasté du Kazakhstan au début des années 90.

Dans le premier volet, lorsque son père sort de prison, le jeune Jaras n’a pas d’autre choix que de travailler pour nourrir sa famille.

Le second met en scène « Poussin », un adolescent qui, possédant une belle voix, s’entraîne pour un concours de chant. Sa passion en fait un pacifiste qui refuse de se mêler aux actes de violence auxquels se livrent les caïds de l’école. Mais qu’adviendra-t-il si tout à coup, sa voix lui fait défaut?

Dans le troisième volet, Crapaud explore les ruines de son village jusque dans les souterrains, à la recherche de métaux à revendre.

Sa rencontre avec trois étranges gamins aussi pauvres et démunis que lui, possesseurs d’un vrai trésor va le pousser à commettre l’irréparable.

Aslan est un garçon brillant qui a des projets d’avenir ambitieux. Mais lorsque son amie se retrouve enceinte, il est obligé de trouver une solution dont l’accomplissement le conduit à un désordre mental qui va sans doute compromettre ses projets.

Cinéma : L'ange blessé
Cinéma : L’ange blessé

La période qui sert de cadre historique à «  L’ange blessé » est celle des années 1990 qui a été marquée par une crise profonde pour le Kazakhstan, cumulant pour les plus démunis, difficultés économiques et désastreuses conditions de vie, orphelinats surpeuplés, un couvre-feu qui fait de la rue le théâtre de criminalités et l’application de lois scélérates devenues la norme.

« L’adolescence est le prisme privilégié à travers lequel je peux aborder les dilemmes moraux, les conflits intérieurs des hommes de la manière la plus claire et la plus sensible possible  » déclare le metteur en scène.

« L’ange blessé  » est un film sur la perte de l’innocence. Quelque chose se brise dans la conscience de chacun des quatre adolescents qu’il met en scène.

Dans chacun des récits, Emir Baigazin n’exploite pas seulement la misère qui règne dans un village dévasté, ses adolescents n’appartenant pas tous à la même classe sociale.

Il y a peu de ressemblance entre « Crapaud » le récupérateur de métaux qui appartient à une classe sociale défavorisée et Aslan, le brillant étudiant qui vit dans une famille aisée, soucieuse de son avenir ; Entre Jaras dont le père vient de purger une peine de prison et qui est obligé de travailler en dépit de son jeune âge et « Poussin » à qui sa mère, femme de condition modeste, permet d’envisager un avenir de chanteur.

Le point commun entre les quatre personnages est qu’ils sont destinés à commettre une faute irréparable.et qu’ils représentent ensemble, l’état du pays.

Les quatre histoires quoique différentes, ont été inspirées à Emir Baigazin par le tableau éponyme du peintre Simberg qui représente deux enfants transportant dans une sorte de chaise à porteur, un personnage à l’apparence d’un ange.

Image qui est reprise dans le troisième volet du film où l’ange est remplacé par un enfant anormal transporté dans une chaise à porteur de fortune.

Il a également utilisé «  La guirlande de vie « , la fresque de Simberg qui se trouve dans la cathédrale de Tampere en Finlande. Elle représente treize garçons comme autant d’apôtres, qui transportent un arbre de vie. Ces images répétitives, apparaissent en intermède à la fin de chaque récit jusqu’à l’apparition du titre du récit suivant.

Cette construction « géométrique » et le rythme qui s’en dégage sont un des atouts d’une réalisation exigeante.

Emir Baigazin évite de mêler les quatre histoires et de réaliser un film choral. Le film se présente en quatre parties distinctes dont le seul point commun est la même rigueur de la photographie et des cadrages et un esthétisme discret, contenu.

Les dernières images du film ouvrent, dans une atmosphère décalée sur une note bienvenue d’optimisme.

Francis Dubois


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