Léa et Martin ont vingt cinq ans et ils ont vécu ensemble, quelques années auparavant, leur première histoire d’amour. Ils se retrouvent mais chacun, depuis, s’est employé à construire sa vie d’adulte.
Quelque soit la façon qu’on aura de résumer l’histoire de « L’amour debout » on sera à côté de l’essentiel. On peut dire que tout le film est dans les interstices de son histoire, dans les frôlements plutôt que dans les face à face, les confrontations qui n’existent pas.
Car le film est doux en dépit de la rugosité insidieuse des sujets abordés, il est joyeux et mélancolique comme la vie et la nostalgie sautent au cœur, à des moments où on ne l’attend pas.
Depuis qu’ils se sont séparés, Léa et Martin ont fait du chemin.
Léa a rencontré Jicé ,un compositeur d’opéra qui travaille avec des chanteurs amateurs. Il vit sur une péniche, il a le double de son âge et Léa s’interroge, peut-être plus à propos de la force de sa passion qu’aux questions que lui pose une rencontre désassortie.
Martin qui a vécu des « trucs sexuels » avec des garçons avance à pas prudents vers Tristan auprès de qui il brûle de s’engager.
Ils se sont rencontrés par relations interposées chez Françoise Lebrun venue présenter dans un cinéma de province « La maman et la putain » qu’elle a tourné au début des années 70 sous la direction de Jean Eustache.
Aux textes qu’elle lit au cours de rencontres, elle ajoutera peut-être « les Tuileries » de Victor Hugo dont on entend la magnifique adaptation musicale qu’en a faite Colette Magny qui passe sur le tourne-disque alors que Françoise Lebrun tient entre les mains la pochette du disque vinyl original.
Jérôme, sous les traits de Pascal Cervo, ne réalisera sans doute jamais le film qu’il avait en tête et affirmera sans frustration ni amertume plutôt aider les autres comme Martin, futur cinéaste, à se réaliser, plutôt que de se réaliser lui-même.
Forte de son nouvel amour, Léa ressentira la nécessité de présenter Jicé à sa grand mère musicienne et mélomane qui continue à faire visiter la Maison de Ravel de l’autre côté du mur de son jardin.
Si la présence au générique de Françoise Lebrun qui joue son propre personnage de comédienne mythique renvoie au cinéma de Jean Eustache et en même temps à tout un « cinéma de cinéphile » encore vivant et si celle de Pascal Cervo rappelle le cinéma de Paul Vecchiali dont il est un acteur fétiche, le film fait référence, par sa grande sensibilité à aborder le meilleur des rapports humains, par la façon dont les personnages s’y frôlent, par le secret des coïncidences, au cinéma de Jacques Demy.
Mais le film de Michaël Dacheux n’appartient qu’à lui. La virtuosité de l’écriture, la délicatesse de la réalisation, le charme des personnages s’ils ne risquent pas de séduire les amateurs d’un cinéma tapageur devraient être vu par le pan exigeant des amateurs de cinéma qui éprouveront, en allant voir « L’amour debout », un vrai bonheur de spectateur…
Un bijou, une perle rare… En tous cas, un vrai moment de cinéma
Francis Dubois
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