Muriel est une grand mère comblée le jour où elle apprend que son petit fils de vingt ans va venir passer quelques jours avec elle avant son départ pour le Canada. Mais très vite, intriguée par son comportement, elle découvre qu’Alex lui a menti sur la vraie destination de son séjour à l’étranger et qu’il se destine à une toute autre vie que celle qu’il lui avait laissée imaginer. Bouleversée, Muriel n’aura de cesse que de s’opposer à ce départ….

Cinéma : L'adieu à la nuit
Cinéma : L’adieu à la nuit

Le projet de «  L’adieu à la nuit  » est la convergence de plusieurs « rencontres » qu’a faites André Téchiné, des questionnements qui s’en sont suivis, auxquels il fallait nécessairement trouver une réponse.

En premier lieu, ils s’est agi de la lecture d’un livre de David Thomson, «  Les français jihadistes  », un recueil d’entretiens et témoignages de jeunes français partis en Syrie, faire le Jihad.

En deuxième, c’est la question du regard d’une personne de sa génération sur le sujet ; et à égalité, voir la comédienne Catherine Deneuve confrontée à des dialogues bruts de jeunes jihadistes prélevés dans le réel.

En trois, c’était à travers le récit de l’engagement extrême d’un proche, mettre le spectateur face à la question de savoir ce qu’il ferait à la place de Muriel, face à une telle situation.

« L’adieu à la nuit  » nous fait entrer, dans des univers cinématographiques familiers d’André Téchiné : la jeunesse, la famille, les paysages du Sud-Ouest, les saisons, qu’il confronte cette fois-ci à un sujet brûlant d’actualité sulfureux, délicat à manier et objet de multiples polémiques dans les médias, à la fois clivant et ouvert : les jeunes gens attirés par le Jihad.

André Téchiné ne porte de jugement sur aucun de ses personnages. Il les regarde tous avec la même attention et les deux jeunes gens qui ont fait des choix funestes et condamnables sont montrés de la même façon que s’ils étaient habités par un idéal romantique.

Et à l’inverse, Muriel est un personnage bienveillant que tout porte à aimer mais qui n’est pas sans zones d’ombre.

Et avec le personnage de Youcef, l’associé maghrébin de Muriel, Téchiné démontre que l’appétence pour l’islamisme radical ou son rejet ne sont pas une affaire d’origine ethnique ou sociale.

« L’adieu à la nuit  » est un récit très attachant, sensible, souvent doux mais cependant traversé par une tension, un suspens qui le conduit aux limites du thriller quand le film fait entrer dans son déroulement certains éléments du polar, du film de braquage sans qu’il soit besoin d’insister sur les codes du genre.

Le décor du film, résolument rural et bucolique, le cadre et les activités du centre équestre, les joyeux moments de convivialité, les présences amicales et chaleureuses sont d’autant plus porteurs de sérénité qu’en intervenant en contraste, ils servent la dramatisation du récit, la montée en force de la narration.

André Téchiné réussit avec «  L’adieu à la nuit » un très beau moment de cinéma, un récit à la fois âpre et doux comme il ne nous en avait offert depuis bien longtemps.

Il y a dans «  L’adieu à la nuit  » une parenté avec ses premiers films : «  La Matiouette » ou « Les roseaux sauvages  »

Et l’on en est bien heureux !

Francis Dubois


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