1992. Millie habite un quartier populaire de Los Angeles. Elle s’occupe de ses propres enfants et d’autres en attente d’adoption dont elle a momentanément la charge.

Los Angeles s’enflamme à la suite du lynchage de Rodney King, un afro-américain, par des policiers du Police Department.

Quelques jours plus tard, une adolescente afro-américaine est abattue par la propriétaire d’une épicerie qui la soupçonnait de lui avoir volé une bouteille de soda.

En novembre 1991, le jugement de Soon ja Du a lieu mais le juge Joyce Karlin ne tenant pas compte de l’avis du jury, prononce envers la commerçante une peine de prison assortie d’un sursis.

Un décision qui plonge la communauté de South Central dans la fureur.

En mars 1992, le procès des quatre policiers qui avaient lynché Rodney King se solde par un acquittement.

Deux heures plus tard éclatent en réaction à cette injustice flagrante, les premières émeutes dans le quartier de South Central.

Elles dureront cinq jours, feront entre cinquante et soixante morts et on comptera plus de 3000 départs de feu détruisant 11 000 bâtiments dans la ville et 4000 arrestations.

Cinéma : Kings
Cinéma : Kings

Il n’y avait jusque là jamais eu de film sur ces émeutes de Los Angeles.

Ni pour la «Los Angeles Police Department» (LAPD) ni de la part de ceux qui se sont livrés à des débordements et à du pillage, il n’y avait intérêt à revenir sur cet épisode.

Et personne n’avait envie de se souvenir.

Or, les émeutes de Los Angeles résonnent particulièrement aujourd’hui, la question raciale restant un problème majeur loin d’être réglé ; et la société américaine reste néanmoins très marquée par ces événements.

Pour ces raisons, «Kings» a pris beaucoup de temps à se faire. Il s’agissait d’un projet «à rebrousse poil» à l’écart des lignes classiques de production.

Le film de Deniz Gamze Ergüven ( à qui on doit un « Mustang» très remarqué, il y a deux ans) repose sur plusieurs socles narratifs :

– L’origine des émeutes qui, partant d’un fait divers regrettable, prend une ampleur considérable,

– L’évolution du phénomène en tache d’huile.

– Les images d’archives qui apportent un renfort documentaire au film.

– Le contre-coup des événements sur l’intimité des personnages, les enfants, les adolescents et les adultes assistant à ce qui se passe et qui les déborde, à la précipitation de leur avenir social ou amoureux.

Et c’est le mixage de ces éléments qui composent le film que réussit pleinement et dans une grande fluidité narrative, la réalisatrice.

Un montage virtuose que les interprètes tous remarquables relaient par leur jeu.

Magnifique présence de Daniel Craig et de Halle Berry mais également de la distribution des rôles des adolescents et des enfants.

Mais cette réalisation de grande qualité n’aurait-elle pas gagné à fonctionner sur une bande-son moins bruyante qui parfois, empiète sur les images ?

Francis Dubois


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