Antoine Leconte est un trentenaire charismatique, un homme de pouvoir arrogant et dominateur.

Il montre le même mépris pour les personnes qu’il côtoie tant dans son milieu professionnel que dans sa vie privée.

Au terme d’une journée particulièrement active, il plonge dans un coma profond.

A son réveil, plus rien autour de lui n’est comme avant : a-t-il été victime comme il le prétend d’une tentative d’homicide, d’un complot ? Vit-il un cauchemar éveillé ?

Petit à petit celui qui dominait son entourage devient une victime…

Cinéma : KO
Cinéma : KO

Fabrice Gobert avait réalisé en 2010 « Simon Werner a disparu… » un film reconnu tant par la critique que par le public amateur de cinéma exigeant et dont le récit était basé sur l’énigme d’une disparition et sur ses ramifications au sein d’un groupe de lycéens.

Avant «K.O» il a conçu et mis en scène les deux saisons de « Les revenants» une série très remarquée réalisée pour Canal+ et qui a contribué à requinquer, avec quelques autres depuis, le feuilleton télévisuel français.

Dans« K.O» , il reste fidèle à son inspiration et fait preuve de la même virtuosité à faire se côtoyer dans un voisinage très proche, le réel et le fantastique, à amener le spectateur sur des «vraies fausses pistes».

Son récit fonctionne sur une ambiguïté qui ouvre sur différentes pistes et explications possibles de l’état d’Antoine Leconte au point que le récit pourrait correspondre tant à la réalité qu’aux visions inhérentes au coma où il se trouverait toujours plongé.

Fabrice Gobert joue à dérouter, sans cesse et en même temps, le spectateur et le personnage. Antoine Leconte qu’on nous avait montré irrespectueux des autres, sûr de sa supériorité et n’inspirant aucune sympathie, devient un être égaré et vulnérable.

Alors qu’on lui attribuait des fonctions de pouvoir, on le découvre présentateur de la météo à la télévision dans un emploi précaire.

Alors qu’il tenait la dragée haute à sa compagne, c’est tout à coup elle qui domine la situation et qui lui préfère le jeune collaborateur qu’il méprisait.

La force de la construction dramatique de la réalisation de Fabrice Gobert réside dans le fait qu’il rend chaque nouvelle situation non seulement plausible mais complètement convaincante et c’est au moment où l’on croit tenir le bon bout de l’énigme que le doute est relancé, que les personnages secondaires du récit viennent sur le devant de la scène et qu’un trait infime de leur personnalité devient majeur.

Fabrice Gobert situe son film dans le monde de la télévision, un univers pyramidal qu’il connaît bien et qui va de l’étage supérieur réduit où sont les décideurs jusqu’à la soute où sont les techniciens qui font marcher la machine. Entre les deux étages, le mépris.

«K.O » se joue dans cette dualité dans laquelle les individus sont amenés, en fonction du poste qu’ils occupent, à agir différemment de ce qu’ils sont en réalité.

Le choix qu’a fait le réalisateur de tourner en scope, un format qui amplifie les ruptures de cadre, produit une tension, une sorte de spirale, accentue l’idée de labyrinthe pour mieux égarer le héros et le spectateur. Et on ne sait plus si l’effet perturbateur du récit provient du texte, de la mise en scène, de la direction d’acteur, de la place de la caméra, de la lumière….

Voilà un film qui implique totalement le spectateur. On ne se laisse pas porter par les images comme souvent. On est partie prenante, obligé de jouer le jeu…de s’engager dans le labyrinthe, de s’identifier au personnage d’Antoine Leconte.

Francis Dubois


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