Après douze années d’absence et quelques rares envois de cartes postales, Louis, un dramaturge de trente-quatre ans retourne dans sa ville natale pour annoncer à sa famille qu’il va bientôt mourir.

Têtes à têtes intimes, malentendus, repas de famille, conflits ouverts, altercations et moments de tendresse en filigrane ou exprimés émaillent ce dimanche pas comme les autres dont aucun des personnages ne sortira intact.

Cinéma : Juste la fin du monde
Cinéma : Juste la fin du monde

Le sixième long métrage de Xavier Dolan retenu pour la sélection officielle, était très attendu à Cannes où il a reçu un accueil des plus contrastés avec des pointes de franche hostilité.

Avec une mise en scène en totale rupture avec celle de ses films précédents, constituée presqu’ essentiellement de gros plans et d’intermèdes oniriques, Xavier Dolan a-t-il voulu surprendre ?

On ne doit lire aucun signe de provocation dans sa façon très personnelle et efficace d’aborder l’univers de Jean-Luc Lagarce.

On pourra, comme ça a été le cas à Cannes, rejeter le film en bloc ou trouver que c’est une œuvre mineure dans la déjà conséquente filmographie de Xavier Dolan.

Mais on pourra tout autant trouver sa réalisation sublime et voir dans son adaptation, une parfaite fidélité à l’univers singulier du théâtre de Jean-Luc Lagarce, au sujet abordé mais également à « la musique » du texte de la pièce.

Les détracteurs avaient-ils connaissance du théâtre de Jean-Luc Largarce ?

Car c’est en ayant en tête la langue du dramaturge que l’on peut apprécier le travail de mise en scène de Xavier Dolan.

Il aborde ce quasi huis-clos dans ce qu’il a d’intime, de confidentiel quand il approche les visages des personnages avec persistance pour aller jusqu’à l’expression des sentiments profonds et en saisir la pureté ou le trouble.

L’utilisation des gros plans est là pour exprimer l’enfermement à la fois dans le lieu, le décor désuet d’un pavillon de province, dans les personnages du frère, de sa femme et de la sœur, verrouillés dans une existence étriquée, dans les silences les non-dits, dans les bavardages et dans l’incapacité de communiquer pour accéder à l’aveu.

Xavier Dolan est un metteur en scène exigeant et virtuose et un formidable directeur d’acteurs. Léa Seydoux, Marion Cotillard et Vincent Cassel n’ont jamais été aussi émouvants, irritants, superbes dans la « retenue débridée » et Nathalie Baye explose dans le personnage d’une mère qui comble les vides effectifs avec un débit verbal étourdissant.

Quant à Gaspard Ulliel, il touche au sublime…

«  Juste la fin du monde  » est non seulement le meilleur et le plus abouti des films de Xavier Dolan, c’est une œuvre unique, incomparable…

Francis Dubois


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