Miriam et Antoine Besson en sont arrivés à engager une procédure de divorce. Il s’agit, pour la juge en charge du dossier, de prendre une décision à propos de la garde de leurs enfants, La décision concerne essentiellement Julien, dix ans puisque Joséphine, leur fille, est sur le point d’atteindre l’âge de sa majorité.

Miriam demande la garde exclusive de Julien afin de protéger son jeune garçon d’un père au tempérament emporté qui a déjà été accusé de violences par le passé.

Mais la juge, après avoir entendu les avocates des deux parties, finit par accorder la garde partagée.

Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire (et multiplier les mensonges utiles) pour empêcher que le pire n’arrive.

Cinéma : Jusqu'à la garde
Cinéma : Jusqu’à la garde

Le film de Xavier Legrand fait la lumière sur un enfant devenu l’enjeu des conflits, confronté à la violence latente du divorce de ses parents et à la souffrance d’un père.

Car, « Jusqu’à la garde» , s’il est un récit sur la peur et si le personnage d’Antoine (interprété par un immense Denis Ménochet) représente une menace «naturelle» pour ses proches, le sujet central est beaucoup plus complexe, beaucoup plus nuancé que celui d’un père violent dont les possibles dérapages pourraient être de tous les instants.

Qui est Antoine, ce père quadragénaire en transit de la nouvelle vie qu’il redoute ? Un homme que la carrure physique désigne comme un violent, un sanguin ou un homme fragile, en souffrance avec des comportements en dents de scie pouvant aller de la violence exprimée jusqu’à l’effondrement en larmes ?

Deux séquences, à l’opposé l’une de l’autre, marquent le film : celle où Antoine s’effondre face à Miriam et à Julien et cette autre où, brandissant une arme de chasse, au risque de blesser ou tuer ceux qui lui sont chers, il fait exploser la porte de l’appartement dont on lui a interdit l’accès.

Mais ces deux séquences qui montrent deux Antoine totalement différents, ne se rejoignent-elles pas finalement ? Ne sont-elles pas guidées chez ce père et cet époux, par le même désarroi mené à son paroxysme et qui le submerge ?

Xavier Legrand a joué dans son film sur différents genres cinématographique depuis le réalisme jusqu’au thriller en passant par le drame social et le suspense.

Quand il traite de ce qui gravite autour du divorce, de la séparation, il aborde le réalisme de façon frontale mais en dépit d’une grande justesse dans le détail, sans jamais tomber dans l’écueil du documentaire.

Et c’est en inversant le point de vue de l’histoire qu’il a pu aborder le suspense dans le quotidien et, dans sa démarche qui consiste à suivre le «héros», il rejoint le cinéma de genre (celui où le «monstre» part à la recherche de sa proie).

S’il y a peu de musique dans son film, Xavier Legrand s’est attaché à mettre en place une dramaturgie sonore en captant les bruissements d’une réalité.

Une œuvre qui sonne juste, sensible, à la fois intimiste et ample soutenue par un casting de toute beauté.

Francis Dubois


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