Jésus a dix-huit ans. Depuis la mort de sa mère, il vit seul dans un petit appartement avec son père souvent absent.

Depuis quelque temps, il ne fréquente plus le lycée et préfère traîner avec sa bande de copains et boire des bières dans un parc après les soirées dans une boite où ils dansent à la façon des pop-stars coréens.

S’il aime séduire des filles, Jésus est également attiré par les garçons. Une tendance qu’il n’est pas question de révéler aux autres et c’est peut-être pour brouiller les pistes qu’il participe, un soir, au matraquage d’un jeune homosexuel. Or, à la suite de cette «descente» musclée, le jeune homosexuel est admis à l’hôpital dans un état critique.

Lorsqu’il apprend la mort de la victime, Jésus perd tout de sa belle arrogante assurance et éprouve le besoin de confier son forfait à son père.

Rien de bien neuf à prime abord dans la scénario de «Jésus petit criminel ».

On a déjà vu souvent traité au cinéma ce sujet qui dénonce des violences gratuites subies par un homosexuel de la part de jeune gens dont la sexualité est souvent encore à définir et dont les démonstrations de leur virilité sont le signe évident d’un camouflage de penchants bien enfouis.

La peinture d’une bande de jeunes en rupture de lycée et qui, privés d’une véritable autorité parentale, se livrent à des dérives dangereuses n’est pas neuve non plus.

Et dans le film de Fernando Guzzonni, la démonstration du phénomène est traitée sans grande originalité.

Cinéma : Jesus, petit criminel
Cinéma : Jesus, petit criminel

C’est lorsque le film montre à la télévision un reportage d’une violence inouïe où des hommes sont mutilés avant d’être abattus et à laquelle la bande de Jésus assiste froidement (virilité oblige), qu’un vrai sujet est abordé, celui de la banalisation, à force de documents facilement accessibles aux jeunes, d’actes de violence, qui pour saisissants qu’ils soient, peuvent très facilement être assimilés à de la pure fiction.

Le second sujet intéressant qui est abordé dans « Jésus petit criminel» est celui de l’effet de groupe dans un contexte de beuverie tel que les limites peuvent être facilement dépassées.

Jésus et son besoin de se confier à son père le montre bien, n’est qu’un adolescent qui, pris séparément, aurait été incapable de commettre l’acte dont il s’est rendu coupable.

L’acharnement de la bande sur la victime auquel chacun participe, rejoint d’une part des images de violence qui se sont banalisées et relève d’une surenchère toujours au nom de cette virilité qu’il s’agit d’afficher à tous prix.

Si le film, par la forme, n’échappe pas à certains clichés qui l’affaiblissent, certaines séquences, saisissantes pour les unes ou pathétiques pour d’autres, insufflent une force qui convainc : ainsi, la scène finale, d’autant plus puissante qu’elle ne se prolonge pas, agit comme un couperet. Une séquence que le réalisateur a choisi de situer dans une décor bucolique et qui, comme s’il avait voulu «libérer» le spectateur d’ atmosphères pesantes qui, jusqu’au dénouement, avait été presque strictement nocturne et citadin.

Francis Dubois


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