Laurent était un quinquagénaire sans problèmes apparents jusqu’au jour où il est subitement pris d’une très violente douleur dans le dos.

Persuadé que cette douleur dorsale est le symptôme d’une maladie grave, il consulte toutes sortes de médecins, de spécialistes et subit une série d’examens et radiographies approfondies.

Au bout du compte, il devra se rendre à l’évidence : il n’est atteint d’aucun des maux qu’il redoutait. Son problème est d’ordre psychologique sans doute lié au fait que trop docile, il a toujours subi l’autorité active ou passive des autres : l’autorité méprisante de son chef au travail, les exigences conjugales de sa femme, l’amour débordant de ses parents, le comportement paternaliste de son meilleur ami…

Pour guérir, il lui faudra, vis à vis de tous, se montrer désormais beaucoup plus incisif quitte à en blesser plus d’un. Mais Laurent en sera-t-il capable ?

«Je vais mieux» est la troisième comédie de Jean-Pierre Améris et comme les deux précédentes, celle-ci a léger arrière goût d’amertume.

Il ne faut pas attendre de la part de ce cinéaste discret dont on semble redécouvrir l’existence à chaque nouvelle sortie de film, une charge comique lorgnant du côté des gros succès publics.

Cette fois, il a fait une libre adaptation de l’ouvrage éponyme de David Foenkinos dont le narrateur s’apparente aux protagonistes inhibés et en proie à des blocages qui ont jusque là, à des degrés différents, habité son cinéma.

Si « Les émotifs anonymes» et «Une famille à louer» étaient des scénarii originaux nourris d’une grande part d’autobiographie, le protagoniste de « Je vais mieux », bien qu’appartenant à l’univers de David Foenkinos, ne s’en apparente pas moins à Paul-André ou à Jean-René (tous deux interprétés dans d’étonnants contre-emplois par Benoït Poolvoorde) les deux anti héros des précédentes comédies.

Cinéma : Je vais mieux
Cinéma : Je vais mieux

Le mal au dos qui le submerge et dont souffre Laurent à des conséquences sur son environnement, sur son couple, sur son travail, sa relation avec sa fille ou celle qu’il entretient avec ses parents et son réseau d’amis.

La souffrance physique persistante qui cadenasse l’existence de Laurent et le précipite dans une inquiétude de tous les instants est un sujet fédérateur et il est intéressant de le voir comme ici, traité de façon drôle et fantaisiste.

Si, à cause de son mal au dos, le personnage se retrouve confronté à des situations qui le dépassent et si d’autres à sa place auraient profité de l’aubaine pour se laisser aller à des débordements narratifs, Jean-Pierre Améris, lui et avec la complicité de jeu d’Eric Elmosino, l’interprète de Laurent, reste dans la demi teinte et cette prudence à ne jamais propulser le récit au delà d’une réserve de bon goût, apporte au final au film une sorte de petite musique savoureuse, réjouissante et un relief politique efficace sans avoir l’air d’y toucher.

Avec « Je vais mieux» J ean-Pierre Améris ne déplacera par les foules mais tous ceux qui ne sont pas friands des grosses charges rigolotes qui rameutent les foules trouveront leur compte dans ce film doucement joyeux et en filigrane, doucement mélancolique.

Francis Dubois


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