Bagdad est une skateuse de dix-sept ans qui vit dans un quartier populaire de Sao Paulo. Elle skate au milieu d’un groupe d’amis masculins et passe le reste de son temps avec les amies de sa mère. Ces femmes qui l’entourent constituent un réseau de personnes qui sortent toutes de l’ordinaire.
De tout temps, Bagdad a été la seule fille du groupe de skateurs et même si elle a parfois eu du mal à supporter les blagues et le comportement sexiste des garçons, elle s’en est jusque-là accommodée.
Mais lorsqu’elle rencontre un groupe de skateuses, sa vie va changer radicalement.

Micheline, la mère de Bagdad travaille dans un salon de beauté pour assurer la subsistance de sa famille. C’est une femme forte, déterminée. Bla, la plus jeune des filles se passionne pour l’espace et consacre tout son temps libre à préparer une expédition sur Mars. Joséane, seize ans, en apparence vaniteuse et superficielle, est une adolescente solide. Gilda, quarante-neuf ans, est une femme transsexuelle mal perçue dans le quartier. Avec son ami Emilio, ils représentent des modèles pour Bagdad. Gladys, quarante-sept ans, est la propriétaire du bar où Micheline a ses habitudes. Gladys a toujours considéré les filles de son amie comme si elles étaient ses propres filles.

Le film de Caru Alves de Souza est constitué d’épisodes volés au quotidien qui révèlent la singularité de ces femmes. Dès les premières séquences, le film est raconté du point de vue de Bagdad d’autant plus que le montage s’articule sur les plans filmés par la réalisatrice et en parallèle sur ceux filmés en amateur par la petite caméra dont Bagdad se sépare rarement.
Une caméra qui devient un personnage à part entière présent dans les scènes d’intimité familiale, les conflits entre adolescentes, les fêtes qui les réunissent.

Le film se déroule dans quatre espaces essentiels pour Bagdad, les lieux de skate, la maison familiale, le restaurant de Gladys et le salon de beauté où travaille sa mère. Des lieux qui proposent une multiplicité de représentants de genres avec au centre, une famille de femmes traditionnelle avec l’image d’une mère courage.

Et dans cette diversité de personnages atypiques, le film parvient à échapper au piège des performances et au catalogue de figures figées, y compris à l’ambivalence de celui de Bagdad à l’allure androgyne.

Derrière ces personnages, le film développe une force politique, dresse une autre peinture du Brésil et fait la lumière sur un quartier négligé qui intéresse soudain, qui fait l’objet de spéculations immobilières dès le moment où il est prévu qu’une nouvelle ligne de métro va le traverser.

« Je m’appelle Bagdad » prend parfois des airs de documentaires, une impression sans doute renforcée par le fait que le film est interprété par des comédiens novices dont la base du jeu s’est construite sur un travail d’improvisation.

Le 2 juin plus de vingt films sortent sur les écrans. Il faudrait que dans cette bousculade, « Je m’appelle Bagdad » trouve une petite place. Il le mérite.

Francis Dubois

« Je m’appelle Bagdad » un film de Caru Alves de Souza. (Brésil) – Sortie en salles le 2 juin.

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