Dans un Rio de Janeiro où la colère grandit et où les minorités sont menacées, une femme Indianara, aidée d’une poignée de fidèles à ses idées, mène un combat acharné pour la liberté et la survie des personnes transgenres au Brésil. L’élection de Bolsonaro à la tête du pays et la politique totalitaire qui s’en suit va agir comme un coup de massue sur cette communauté fragilisée et qui, pourtant, garde le cap du combat puisque la seule option qui lui reste est de continuer à résister.
Le film emprunte son titre au prénom d’emprunt d’une femme dont l’essentiel de la vie repose sur le respect de l’autre, d’aide et la solidarité. Né au Brésil dans une famille modeste et nombreuse, Sergio Siqueva prend très tôt la décision de devenir une femme. Dès douze ans, il commence sa transformation en prenant des hormones et quand il devient Indianara, sa famille le rejette.
Indianara quitte alors la campagne dont elle est originaire pour aller vivre à Sao Paulo où pour survivre, elle se partage entre prostitution et petits boulots en même temps qu’elle se lance dans le militantisme.
Elle milite pour les Droits de l’Homme et lorsque l’épidémie du Sida survient, elle se lance dans l’organisation de campagnes de prévention.
A Paris où elle trouve asile, elle sous-loue des chambres à ses collègues afin de les éloigner de la violence du Milieu. C’est alors qu’elle est arrêtée pour proxénétisme et qu’à Fleury-Mérogis où elle
est incarcérée, elle se bat pour la protection des prisonniers transgenres.
Elle est finalement extradée vers le Brésil en 2009 avec interdiction d’un retour sur le territoire français.
En suivant cette militante transgenre, les cinéastes nous plongent dans un combat où il s’agit chaque jour de résister à la répression et au mépris.
Elle réussit à infiltrer le monde politique en devenant à un moment donné, la conseillère parlementaire du député socialiste gay Wyllys
Le film suit au plus près le personnage dans son quotidien entourée de ses fidèles et de son fidèle compagnon Mauricio qu’elle va épouser (un épisode qui donne lieu à une fête énorme), mais aussi tout ce qui se joue sous nos yeux. La camera saisit cette vitalité mais sans perdre de vue l’effrayante réalité qui rattrape sans cesse les individus.
Ici, l’intimité déborde l’engagement politique et « Indianara » peut être considéré comme une sorte de manuel de survie en terre hostile.
Le film est la démonstration que, partout où les libertés sont en danger, c’est en puisant au plus profond des différences, que se trouve la force de constituer un idéal commun .
Le film dévoile l’histoire contemporaine du Brésil et derrière les images, la caméra dénonce un contexte de plus en plus tendu.
Qu’en est-il aujourd’hui de la Casa Nen ouverte pas Indianara pour accueillir les personnes transgenres en situation de rue ? Qu’en est-il du combat, du militantisme, des minorités ? Qu’en est-il des épisodes joyeux où Indianara et ses proches puisaient la force de combattre ?
Le film s’achève sur la terrible nouvelle de l’élection de Bolsonaro…
Froid dans le dos…
Francis Dubois
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