« Ils reviennent »

Alors que sur la demande de son institutrice, Estrella commence à écrire un conte, après en avoir défini les motifs (prince charmant, tigre, trois vœux…) avec ses camarades de classe, une fusillade éclate.

Munie des trois vœux que lui a indiqué sa maîtresse (trois morceaux de craies), Estrella retourne chez elle où elle ne retrouve pas sa mère.

Alors qu’elle s’assoupit, elle voit s’écouler un long filet de sang, identique à celui qu’elle a vu s’échapper de la victime de la fusillade, qui semble la chercher.

Affolée l’adolescente lance son premier vœu : le retour de sa mère toujours introuvable !

Dans cette ville, les seuls adultes présents sont des narcotrafiquants dont le chef est candidat aux prochaines élections.

De jeunes enfants orphelins qui se sont regroupés tentent de survivre en fuyant les enlèvements, et autres trafics (peut être d’organes !)

Estrella rencontre celui qui dirige une petite bande de quatre garçons, El Shine, qui sur les murs de la ville dessine des tigres qui n’ont peur de rien (comme le prince charmant du conte). Poursuivie par la traînée de sang et aidée par la voix de sa mère, Estrella pourra commencer le deuil et trouvera son prince charmant, beau et fort comme un tigre mais…

Tourné à Ciudad Juares, tristement célèbre pour ses assassinats de femmes, ville de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, le film, dans la lignée des œuvres de Guillermo del Toro, se donne comme un objet à la fois réaliste mais non exempt d’incursions dans le fantastique.

Il faut souligner la performance de Paola Lara (Estrella), de Juan Ramón Lopez (Shine) et des autres enfants qui, n’ayant pas eu connaissance du scénario avant le tournage donnent une grande force à leur interprétation.

«  Ils reviennent  » est une œuvre singulière où les décors oppressants et une photo dont il se dégage une atmosphère prégnante et que survole la position des États-Unis sur la politique migratoire et sur ce mur-frontière auquel Donald Trump tient tant…

Francis Dubois.