Ibrahim est un adolescent calme et réfléchi. Il partage sa vie entre son père, un homme effacé, écailler à la brasserie de Royal Opéra et son ami Achille, plus âgé, mais contrairement à Ibrahim, toujours à l’affût d’un mauvais coup. C’est avec lui qu’Ibrahim commet un vol. Un acte qui ne lui ressemble pas et qui va bousculer le comportement exemplaire d’Ahmed, le père, et remettre en question une dignité sans accroc quand il se trouve dans l’obligation de rembourser la note du vol commis par son fils, une somme dont il n’a pas le premier sou, qu’il comptait acquérir à force de travail et qui pourrait contribuer à une promotion.

Les rapports se tendent entre le père et le fils. Ibrahim décide alors de prendre tous les risques pour réparer sa faute et regagner la confiance paternelle.

Dans « Ibrahim » le regard se substitue à la parole. La personnalité silencieuse d’Ahmed, un homme centré sur l’essentiel, et l’importance que celui-ci donne à l’observation ont déteint sur Ibrahim mais le silence engendre entre les deux hommes une difficulté à communiquer et l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.

Le silence entre l’un et l’autre a sans doute toujours existé mais il s’est renforcé à la disparition de la mère, une absence dont tous les deux souffrent.

La force du film de Sami Guesmi est (de façon paradoxale) dans sa modestie et dans le fait qu’à force de simplicité assumée, il parvient à donner une puissance à un sujet rabattu, celui de la difficulté à communiquer entre un père et son fils et à échapper à tous les clichés qu’un tel sujet pouvait engendrer La simplicité du récit assortie de cette économie de mots que pratiquent les deux protagonistes révèle tous les dessous d’un sujet en apparence privé de la moindre originalité.

Très vite, le film acquiert une densité et développe la force d’une émotion contenue.

Pour sa première mise en scène le comédien Samir Guesmi fait preuve d’une grande maîtrise, d’une économie de la narration et d’une grande précision dans une progression dramatique toute en silences et demi- teinte. Un récit percutant, efficace et attachant.

Francis Dubois

« Ibrahim » un film de Samir Guesmi Sortie en salles le 23 juin


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