Au milieu des années 70, le docteur Robert Laing aménage, par souci d’anonymat, à la périphérie de Londres dans une tour de quarante étages à peine achevée.

Il va très vite découvrir des voisins pris dans un étrange jeu de rivalité dont il va faire les frais et un fonctionnement selon une hiérarchie sociale.

Alors que dans la confusion ambiante, il se démène pour faire respecter sa position sociale, ses bonnes manières et sa santé mentale vont se détériorer en même temps que l’état de l’immeuble.

L’ascenseur cesse de fonctionner. Les étages inférieurs sont privés d’électricité alors que dans les parties hautes de l’immeuble, la fête bat son plein.

L’alcool est devenu la première monnaie d’échange et les habitants cèdent à la débauche sexuelle.

C’est après de multiples péripéties et une série de drames sanglants, que le docteur Laing, installé sur son balcon en train de faire cuire le chien de l’architecte du quarantième étage, se sentira enfin dans ses murs.

Le film de Ben Wheatley est l’adaptation du roman « IGH » de J.G. Ballard, figure de proue d’une nouvelle vague d’auteurs de science –fiction née au cours des années soixante.

Le réalisateur s’est appliqué à faire une adaptation respectueuse d’une œuvre considérée comme un classique du genre.

Son film est un mélange d’expérimentation formelle, d’intensité émotionnelle et d’humour, doublées d’une insolence propre à choquer pour mieux marquer les esprits.

Le film restitue la dimension visionnaire de l’ouvrage et si ce n’est pas tout à fait la lutte des classes au sens classique du terme qui est évoquée, on y montre le fossé existant entre la « petite classe moyenne » présente dans les étages inférieurs de la tour et la classe moyenne supérieure qui occupe les étages supérieurs.

Ben Wheatley, dans une forme cinématographique résolument moderne (montage serré, plans furtifs, effets de caméras) prend le relais du visionnaire J.G.Ballard avec des références aux réseaux sociaux, à l’industrialisation de l’image, l’émergence de Youtube etc…

Cinéma : High-rise
Cinéma : High-rise

« High-Rise », riche en effets cauchemardesques est, au final, un film qui alerte sur l’effondrement d’une société dont les signes de parenté avec la nôtre sont évidents. Le refus d’entretenir des liens personnels, de ne se référer qu’à la technologie et aux choses matérielles qui sont entrées dans les habitudes.

Le seul point qui reste intact est peut-être les émotions autour de la maternité.

Entre personnages saillants et silhouettes en toile de fond, le film obéit aux codes d’un esthétisme parfois échevelé.

Faut-il voir, dans les enchaînements (délibérément) désordonnés, dans la qualité de l’image, dans l’étrangeté ou le réalisme ponctuel du récit, le constat d’une société future ou plus simplement, un exercice de style.

Ce sera surtout aux amateurs de films de science-fiction qui, sans doute trouveront ici leur compte, de trancher.

Francis Dubois


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