Un groupe d’individus condamnés à la peine de mort ont accepté, contre la levée de la peine capitale, de participer à une mission expérimentale qui consiste, dans une cabine spatiale, à servir de cobayes à des essais scientifiques sur la reproduction et la grossesse sous la surveillance de la doctoresse Dibs, sorte de docteur Folamour, une femme au comportement à la fois placide et inquiétant. Les individus cobayes, s’ils ont la vie sauve, voient en retour leur espace vital réduit à un vaisseau spatial qui n’est en réalité rien d’autre qu’une prison dans l’espace.

Cinéma : High Life
Cinéma : High Life

« High life » est un film trompeur au bon sens du terme.

Le déroulement du récit qui ouvre sur de nombreuses pistes fait que l’on est, dans une première moitié du film, à la recherche de possibilités tortueuses de lignes de lecture qui ne cherchent à dissimuler ni mystère ni énigme.

Le fil du récit est au contraire simple et il faut s’en tenir à la lecture première qu’il propose.

Mais si « High life  » n’est ni un film fantastique ni un film d’anticipation, il n’est pas aisé cependant de le définir comme un film terre à terre, lisible au premier degré.

Et c’est sans doute le choix énigmatique, dépouillé et froid de l’intérieur d’un vaisseau spatial répondant aux codes d’un décor hors normes qui oriente le récit dans ce sens.

Un décor intrigant dans lequel on nous laisse, dans un premier temps, seuls avec un homme et un bébé dans lesquels il est aisé de reconnaître un père et son enfant.

C’est lorsque plus tard on aura confirmation de cette filiation, que tous les éléments du récit feront apparaître la limpidité du puzzle narratif.

Une femme médecin fait des expériences sur la reproduction et pourtant le gros de sa mission est de prélever chez des hommes cobayes du sperme pendant un sommeil dans lequel elle les a plongés.

Et d’ensemencer, toujours pendant son sommeil, une jeune femme, d’observer le déroulement de la grossesse et de la suivre jusqu’à l’accouchement.

L’homme ignore que c’est son sperme que le docteur Dibs aura prélevé et qu’il est le père du bébé.

Il faudra se projeter quelques années plus tard pour que l’instinct paternel et l’instinct filial réunissent le père et la jeune fille que sera devenu le bébé.

Qu’une irrésistible attirance les rapproche qui les amènera à commettre un inceste spontané dans un contexte d’enfermement.

Le film de Claire Denis réside plus dans l’entrelacs des fausses pistes, dans l’atmosphère glaciale du vaisseau spatial, dans les rapports distants entre les protagonistes privés de chaleur humaine que dans le fil narratif qu’on peut voir comme comme extrêmement complexe ou au contraire d’une grande simplicité.

Une œuvre étrange, inquiétante mais profondément attachante.

Francis Dubois


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