Une femme et quatre hommes qui se connaissent à peine se retrouvent dans un appartement au dernier étage d’un immeuble qui surplombe Paris.

Ils ont en commun d’avoir tous été victimes d’un même pervers dominateur qui se trouve être présent dans une pièce voisine.

Ce soir-là, ils ont décidé d’en finir avec le pouvoir qu’il a sur eux.

Tour à tour, ils se racontent des souvenirs qui les lient à cet homme et à tour de rôle, ils pénètrent dans la pièce où il est pour se confronter à lui.

Mais au cours de ces face à face, ce qui se passe entre le monstre et eux demeure un secret.

cinéma : Hauts perchés
cinéma : Hauts perchés

L’idée de départ de Jacques Martineau a donné très vite naissance à l’écriture d’une première mouture du scénario et il est probable que l’appartement très cinégénique choisi pour le tournage de ce huis-clos, ait fait monter d’un cran le projet.

Le cadre limité à la pièce centrale de l’appartement et sa terrasse ont imposé une contrainte technique et scénaristique.

Pour la thématique, Olivier Ducastel a puisé dans certaines expériences personnelles qu’il avait eu récemment avec des garçons manipulateurs et narcissiques mais au lieu qu’un seul personnage se trouve confronté à un dominateur, ce sont cinq personnes qui sont présentes, cinq personnalités contrastées et autant de façons de vivre une domination.

« Haut perchés » est un pur film de dialogue. Et comme le projet des deux cinéastes n’allait pas passer par la censure de financiers et autres producteurs soucieux de rentabilité, Jacques Martineau s’est « lâché ».

Au premier récit, celui de Véronika qui est une longue tirade inspirée de l’écriture de Jean-Luc Lagarce, se succèdent des témoignages plus brefs et plus fragmentés.

Bien que «  Haut perchés  » soit un huis-clos, la mise en scène et la direction artistique échappent à la théâtralité et l’artificialité des lumières renvoie parfois à un certain cinéma de Fassbinder et le film peut parfois donner l’impression qu’il s’agit de l’adaptation d’une pièce de théâtre.

Il est probable qu’Olivier Ducastel et Jacques Martineau aient entrepris «  Haut perchés » comme une œuvre qui, peu exigeante financièrement, serait un moment intermédiaire dans leur filmographie, entre deux projets plus ambitieux.

« Haut perchés » apparaît trop au final, en dépit du soin apporté au cadre, aux dialogues, aux lumières comme une œuvre mineure.

Mais à cette impression d’œuvre mineure s’ajoute le fragilité et la finalité floue du sujet. La présence-absence du dominateur, la minceur du propos et le peu qui ressort des échanges verbaux débouchent sur une faiblesse, l’impression d’insuffisance.

On aimerait retrouver chez ce duo de réalisateurs talentueux, la veine de «  Jeanne et le garçon formidable  », «  Drôle de Félix » , « Crustacés et coquillages  » ou surtout de «  L’arbre et la forêt  » et «  Haut perchés  » ne rappelle en rien leur griffe d’auteurs et ce qui a fait la particularité d’une œuvre personnelle exigeante.

Francis Dubois


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