Quand Frances, une jeune fille de vingt ans, trouve un sac à main oublié sur une banquette du métro, elle décide sans hésiter d’aller le rapporter à sa propriétaire.

C’est à cette occasion qu’elle fait la connaissance de Greta, une veuve esseulée, excentrique, mystérieuse mais spontanée et séduisante.

La rencontre entre la quadragénaire seule et isolée et Frances encore fragilisée par la disparition récente de sa mère va très vite se solder par l’amorce d’ une belle complicité féminine.

Les deux femmes multiplient les rencontres mais face aux exigences grandissantes de Greta, Frances ne va pas tarder à découvrir qu’elle s’est lancée sans doute trop vite dans cette amitié.

Mais de là à imaginer qu’elle est en présence d’une dangereuse psychopathe.

Cinéma : Greta
Cinéma : Greta

Frances a la naïveté de son âge et l’intérêt que Greta lui porte dès leur première entrevue tombe à pic pour remplir le vide affectif que vient de laisser la disparition de sa mère.

Greta a tout pour séduire, l’aisance naturelle, l’élégance, la richesse et une belle disposition pour établir très vite avec l’autre des rapports simples et spontanés.

Le film de Neil Jordan obéit à tous les codes du récit à suspense à commencer par une introduction sereine, la mise en place entre les deux femmes de rapports prometteurs dans le sens d’une intimité rassurante.

Mais lorsque Frances découvre, avec le contenu d’un placard, une série de sacs identiques à celui qu’elle a trouvé sur le siège du métro, le piège où elle s’est laissée prendre, il ne serait peut-être pas encore trop tard pour faire machine arrière. Mais comment renoncer au charme de Greta ?

Le mécanisme de l’engrenage est enclenché mais au lieu de jouer la carte de la subtilité, Neil Jordan a opté pour les grosses ficelles scénaristiques.

Le machiavélisme de Greta n’aura d’égal que la soumission de Frances jusqu’à ce que film atteigne une dimension quasi grand guignolesque avec des rebondissements tellement appuyés qu’ils finissent par désamorcer un suspense réduit à des effets attendus.

Les séquences finales relèvent d’un enchaînement de mouvements opportuniste tel qu’on a cessé de se passionner pour une histoire qui, depuis un moment déjà, a sombré dans la banalité d’un canevas narratif standard.

Le choix de Chloé Grace Moretz pour jouer Frances est plutôt judicieux et celui d’Isabelle Huppert aurait pu l’être si cette comédienne qu’on a connue tellement inspirée, ne redonnait ici, avec le personnage de Greta, ce qu’elle a donné pratiquement dans toutes ses dernières interprétations, une sorte de copier-coller et un passage à la trappe de la finesse de son jeu.

On peut peut-être malgré tout, se laisser prendre par cette histoire même si elle est trop cousue de fil blanc…

Francis Dubois


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