Laura, son sac bien rivé à son dos, va au hasard de routes qui devraient la conduire à Hendaye où elle a prochainement rendez-vous. En chemin, elle rencontre un groupe de jeunes gens qui mangent des croissants. Elle les suit parce qu’elle en a envie ou qu’elle a faim. Mais voilà, ces jeunes gens sont des écologistes activistes qui, dans le but de se faire entendre, vont se menotter aux rails d’une voie ferrée pour bloquer le passage d’un train et Laura se retrouve menottée avec eux.

Cinéma : Gaspard va au mariage
Cinéma : Gaspard va au mariage

Gaspard, qui voyage dans le train immobilisé, se renseigne et remarque Laura évanouie parmi les jeunes manifestants attachés. Il la libère et une fois monté avec elle dans le train dont elle découvre qu’il va à l’opposé d’Hendaye, Gaspard lui fait une proposition. Il va au mariage de son père et aurait besoin de la présence d’une fille pour ne pas s’y présenter seul. Laura accepterait-elle de jouer sa girl friend le temps de la noce et contre 50 euros par jour, Pourquoi pas ?

Lorsqu’ils arrivent au terme du voyage, Laura découvre l’univers où Gaspard a passé son enfance : un zoo peuplé de girafes, de lions, d’antilopes, d’ours et de singes que gèrent le père du jeune homme, son frère, sa sœur et Peggy la vétérinaire qui normalement devait être la mariée mais qui s’est désistée au dernier moment. Gaspard aura-t-il entrepris ce voyage pour rien ?

Le film commence comme une comédie avec ce personnage de Laura offert aux quatre vents de sa liberté qui vit à côté de l’essentiel, désinvolte mais prudente, aussi curieuse des autres qu’ils lui sont indifférents. Et face à elle, Gaspard, un garçon paumé lui aussi, mais d’une autre façon, chez qui on pressent cependant le germe d’une prochaine maturité.

Mais avec l’arrivée du faux couple dans le zoo familial, le récit prend une autre tournure même si la personnalité originale d’un père instable et celle, imprévisible, de Laura gardent présent le flambeau de la comédie.

Coline, la sœur dont le seul univers s’est depuis l’enfance limité au périmètre du zoo, ne connaît d’ intérêt à la vie que celui qu’elle porte aux animaux au point qu’elle a laissé de côté les signes de sa féminité pour ne se tenir vêtue que de vêtements informes sur lesquels elle endosse une peau d’ours.

Virgil le frère sur qui repose presque toute la responsabilité du bon fonctionnement du zoo, n’a d’autre choix que de faire preuve de rigueur.

Quant à Peggy, la vétérinaire, bien qu’attachée à l’établissement et à la bonne santé des animaux, elle semble vouloir garder ses distances avec cette famille à laquelle elle s’est attachée mais vis à vis de laquelle elle veut pouvoir rester libre et indépendante.

Le film d’Antony Cordier en faisant le portrait d’une famille qui s’est toujours consacrée aux animaux, sonne le glas de ce monde en perte de vitesse. Quel avenir peut avoir l’univers des animaux captifs ? Quelle curiosité peut-il encore susciter ? Et la difficulté de plus en plus grande de la faire survivre va sans doute conduire un jour prochain à sa dissolution. Mais qu’adviendra-t-il alors de ce monde marginal qui y est attaché et qui se heurtera à la difficulté d’une impossible reconversion ?

«Gaspard va au mariage » est une comédie mélancolique sur un monde méconnu, témoin du filage express du temps, d’un passé encore très récent devenu obsolète.

Le charme du film réside dans le regard porté sur la fin d’une époque.

La présence rayonnante de Laetitia Dosh qui donne un personnage subtile de fille dans l’air du temps et le magnifique duo constitué par Félix Moati et Guillaume Gouix jouant les deux frères contribuent à donner à ce film «atypique» une belle profondeur.

Francis Dubois


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