Un couple (lui, conseil en management, elle, artiste libre autodidacte) la quarantaine et leurs trois enfants (2, 4, 7 ans) s’embarquent pour un long périple à la recherche d’une nouvelle perspective sur le monde.

Pendant cinq ans, ils vont parcourir six continents pour rencontrer et s’entretenir avec des sages indigènes qui n’avaient encore jamais été interviewés ou filmés.

Du Lac Supérieur du Michigan à l’Amazonie, du fin fond de l’Australie au désert de Kalahari en Afrique, des Andes aux jungles de l’Inde, la famille s’intègre à la vie de communautés jamais approchées.

Parmi ceux qui sont appelés « hommes et femmes médecins », chamanes, guérisseurs et que les voyageurs considèrent comme les gardiens de la terre, des sortes de sentinelles qui veilleraient sur l’avenir du monde, ils vont rencontrer une douzaine de personnages marquants : Langani Marika en Australie, Nowaten dans le Haut-Michigan, KluntaBo en Namibie ou Motiram Baiga en Inde…

La question qu’on peut se poser est à propos de la démarche même de ce couple ; non pas de la recherche qu’ils effectuent auprès de tous ces personnages, elle est évidente et sans doute louable, mais des retombées de ce qu’ils auront entendu et retenu, au fur et à mesure des rencontres.

Car quel rapport peut-il exister entre ces êtres qui ont conservé une pureté de pensée, une sagesse, un bon sens, une dignité d’un autre temps et notre civilisation savante, galopante et pervertie par un souci de rentabilité et de surenchère dans tous les domaines ?

Cinema : gardiens de la terre
Cinema : gardiens de la terre

Renata Heimen et Rolf Wintters auront effectué un magnifique périple et auront permis au spectateur de partager leurs rencontres, la beauté des paysages et les moments privilégiés qu’eux et leurs enfants ont connus.

L’expérience est magnifique mais en quoi les personnes rencontrées peuvent-elles être des gardiens de la terre et quel pourrait être leur pouvoir sur nos dérives, sur des engagements dont la finalité est le profit ?

Ce n’est ni la sagesse de Nowaten ni le bon sens de Langani Marika et de tous les autres censés être des intermédiaires entre l’humanité et les esprits de la nature qui pourront, gardiens de quoi, changer quoi que ce soit au cours des choses où nos sociétés « émancipées » et tellement « inventives » se sont engagées.

A aucun moment le film qui montre les jeunes enfants du couple en parfaite harmonie avec les environnements, ne fait allusion à la forme de scolarité qu’ils suivent et à cette rupture avec une société qu’ils vont retrouver à leur retour et à laquelle il leur faudra s’adapter.

La richesse de ce qu’ils auront vécu, les conditions de vie parfois précaires, les rencontres, l’intimité avec la nature les auront-ils armés pour réintégrer une société dont les règles sont à l’opposé de ce qu’ils auront vécu ?

Quel chamane, quel sage de tribu les y aura préparés ?

Francis Dubois


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