Skid Row, est un quartier de Los Angeles connu pour être la capitale des « homeless » aux États-Unis. C’est ici que vivent Teri et Tiahna, deux femmes noires amoureuses dans le monde chaotique d’une population à la dérive. Déshéritées parmi les déshéritées, fugitives d’un désastre économique politique et social, leur amour est le seul refuge face à la violence d’une Amérique sacrifiée.
Alina Skrzeszewska n’avait que seize ans quand elle est venue vivre seule à Los Angeles et c’est par les écrits de Charles Bukowski, les descriptions que l’écrivain en a faites, qu’elle a découvert le quartier de Skid Row qu’elle a appris à connaître et auquel elle s’est très vite attachée.
C’est là qu’elle a tourné son premier long métrage documentaire « Songs from the Nickel » en 2010, un épisode qui l’a définitivement soudée à Skid Row.
Elle décide alors de mettre en place un atelier gratuit destiné aux femmes. L’expérience a duré un an et demi à raison de deux rencontres par semaine. C’est là que la cinéaste rencontre le Dr Mimi Savage, thérapeute dramatique qui a accepté de prendre le relais de l’atelier.
Parmi les trente femmes qui assistaient assidûment aux réunions se trouvait Teri, élément très enthousiaste du groupe. Sa personnalité a intéressé la cinéaste au moment où elle avait le projet encore vague, de réaliser un film sur les femmes de Skid Row.
Cependant, malgré l’intérêt qu’elle portait à la jeune femme, elle ne voulait pas réaliser un film sur un seul personnage. Elle souhaitait plutôt dresser un portrait collectif.
C’est lorsque Teri a entamé sa relation avec Tiahna que l’histoire du film allait naître en prenant cette direction et l’atelier devenait, avec la communauté qu’il engendrait, un support idéal pour développer le sujet, une sorte d’espace de rétroaction, étant devenu une expérience importante à la fois thérapeutique et inspirante.
Skid Row est un lieu très complexe et intense. Beaucoup de choses sont compressées dans un petit espace. C’est un endroit épuisant, sale et malodorant, dangereux et déprimant. Mais c’est aussi un refuge, une sorte de foyer pour ceux qui ont dû quitter leur maison ou pour ceux qui n’en ont jamais eue. Un lieu où les gens se reconnaissent dans les souffrances des autres.
Et le film allait montrer l’aspect communautaire en partant de la place qu’y occupent Tiahna et Teri qui se sont marginalisées mais qui trouvent dans ce fonctionnement communautaire le moyen d’être acceptées pour ce qu’elles sont.
Le film s’attache s’attache principalement aux femmes.
Elles sont le segment de la population sans abri qui augmente le plus même si Skid Row est un endroit très difficile pour des femmes qu’un passé lourd, des antécédents familiaux douloureux rendent d’autant plus vulnérables.
« Game girls » dresse le portrait d’une Amérique méconnue, d’une sorte d’abcès de fixation de la misère, de la souffrance d’une population déshéritée, sacrifiée et sans avenir qui tente de survivre au jour le jour…
Fulgurant et pathétique.
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu