Fortunata est une jeune femme instable et tourmentée. Mère d’une petite fille de huit ans, elle traîne à ses basques les séquelles d’un mariage raté. Elle vit en banlieue, elle est coiffeuse à domicile et elle est capable de s’enthousiasmer pour son métier quand elle doit créer une coiffure qui va rendre belle et aérienne une future mariée boulotte et capricieuse.

Fortunata se bat tous les jours pour réaliser son vieux rêve : ouvrir un jour son salon de coiffure. Le reste suivra, pense-t-elle : la prise ne main de son destin, la conquête de son indépendance et le droit au bonheur.

Cinéma : Fortunata
Cinéma : Fortunata

Fortunata est un qualificatif féminin qui signifie «chanceuse». C’est dans le film de Sergio Castellito le prénom d’une femme impétueuse face à son destin. La Fortunata du film est au cœur de l’histoire et ce sont les événements directement liés à elle, ou à ce qu’elle déclenche, qui tissent cette histoire.

Or, derrière les apparences, le déroulement chaotique des choses, le refus de s’engager, de fausses audaces, se cache une autre réalité, celle de la psyché, des rêves refoulés, d’un passé douloureux qui la hante. C’est sa rencontre impétueuse avec Patrizio, le médecin psychiatre chargé du suivi de sa petite fille qui, en apportant à cette femme impulsive et démunie, une autre idée de l’amour, va lui permettre de laisser derrière elle ses fausses certitudes et de se construire une autre idée d’elle-même.

« Fortunata » dispose dès les premières séquences de tous les atouts pour réussir une comédie dramatique attachante avec, en dehors de celui de la jeune femme, des personnages bien dessinés, vivants, infiniment humains, porteurs de leur destin et assez forts ou assez lâches pour mener à bien cette fable romaine qu’est le film.

Pourquoi alors, le film de Sergio Castellito ne tient-il pas toutes ses promesses ?

La faute en revient-elle à un scénario trop relâché qui, sous prétexte de respecter toutes les fluctuations et méandres du récit, s’égare parfois au point de laisser au bord de la route son personnage central ?

La faute revient-elle à la façon dont sont traitées les différentes strates du récit entre un présent déjà chargé et le poids d’événements liés au passé dont on nous livre l’effet de douleur avant que le voile soit levé ?

Il aurait sans doute suffi de s’attacher au personnage de Fortunata, à la forte présence de celui de la fillette et au désarroi qui s’empare de Patrizio quand il devient la victime consentante de son amour – passion dévorant pour la jeune femme.

Pourquoi lester une histoire qui se suffisait à elle-même de tous ces arrière-plans qui n’apportent rien d’autre qu’un alourdissement narratif ?

Cependant, le film de Sergio Castellito, grâce à la personnalité de Jasmine Trinca, son jeu enthousiaste, son énergie, au personnage qu’elle crée dans la tradition des personnalités hautes en couleur des femmes dans le cinéma italien, grâce à Nicole Centanni, comédienne-enfant prometteuse et en contre-point, à la présence élégante de Stefano Accorsi, se regarde avec un intérêt soutenu.

Un regard sur une Rome inédite.

Francis Dubois


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