Une belle maison comme on en rêve, au milieu d’un parc où les enfants libres comme l’air sont au anges, où les adultes paressent sous les arbres pendant que d’autres s’affairent à la cuisine ou accrochent d’un tronc à l’autre une banderole festive.
Quand on débarque là, dans le film de Cédric Kahn, chacun s’occupe à préparer dans la bonne humeur le repas d’anniversaire d’Andréa, la grand mère qui coule à l’année, dans ce cadre parfait, avec son deuxième époux, des jours heureux en dépit de probables revers de fortune et de problèmes familiaux cachés qu’au fil du récit on ne va tarder à nous révéler…
Le première inquiétude à propos de « Fête de famille » naît dès les premières images quand, alors qu’on se met à table, un orage survient qui oblige tout le monde à plier bagage sous une pluie battante.
Le premier souci c’est qu’on a vu cette scène des dizaines de fois et que, même si elle annonce le premier grain de sable dans le rouage de la fête, on l’a vue surtout autrement réussie, chez Sautet par exemple.
Les personnages de l’histoire sont à peine présentés : Romain le fils cinéaste obsessionnel et raté et Rosita sa nouvelle jeune compagne, Vincent le fils aîné, Marie sa femme et leurs deux garçons, Emma, la petite fille aujourd’hui grande adolescente qu’Andréa et son mari ont élevée quand Claire, sa mère qui n’a plus donné de nouvelles depuis des années, l’a délaissée.
C’est trempée sous l’orage battant que Claire annonce au téléphone sa venue à sa mère qui s’affole face au bonheur que vont lui procurer des retrouvailles inespérées.
Mais qu’est-il arrivé à Cédric Kahn ? C’est sans doute le sujet de la fête de famille qui ne lui va pas, avec un scénario surchargé et des personnages « casse gueule » qu’il a de plus confié à des comédiens qui les caricaturent et les « suralimentent », une dramatisation beaucoup trop appuyée qui finit par sonner faux et priver les sujets du film de vraisemblance.
On se prend très vite à rêver de ce qu’aurait pu être le film s’il avait été plus contenu moins tapageur, moins surjoué. On pense à « La prière » la dernière réalisation de Cédric Kahn, à « La vie sauvage » à « Roberto Zucco » à « L’ennui » et on cherche à retrouver une parenté entre ces films aboutis et le « caravansérail » qu’est cette « fête de famille » ou fort heureusement Catherine Deneuve en grande dame du cinéma tient le haut de la distribution, où l’on peut remercier Cédric Kahn acteur pour sa prestation juste et mesurée et à quelques seconds rôles d’être restés dans la bonne mesure.
Mais c’est les deux acteurs qui débordent qui, peut-être bien, ruinent le film :un Vincent Macaigne qui s’en donne à cœur joie jusqu’au pire de l’autosatisfaction et Emmanuelle Bercot qui était si juste dans « Mon roi » et qui ici, pousse la composition de son personnage à l’extrême, comme si elle visait un César de la meilleure interprétation pour 2020.
Dommage ! Il ne nous reste plus qu’à attendre la prochaine mise en scène de Cédric Kahn qui, n’en doutons pas, nous réjouira…
Francis Dubois
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