Turin, 1969. Massimo, un garçonnet de neuf ans apprend la mort subite de sa mère dont il était très proche et avec qui il avait une relation complice.

Quelques jours après le décès, son père le conduit auprès d’un prêtre qui lui explique que désormais, sa mère est au paradis. Mais, pour Massimo, accepter cette hypothèse reviendrait à confirmer que sa mère ne reviendra jamais quand lui se raccroche à l’idée qu’elle ne peut pas l’avoir abandonné.

1990. Massimo est devenu un journaliste de renom mais il est toujours sous l’emprise de son passé.

Alors qu’après la mort de son père, l’appartement où il a vécu enfant est mis en vente, il doit trouver une destination aux multiples objets qui sont chargés de souvenirs

C’est le moment, pour Massimo qui affronte à nouveau la douleur d’autrefois, de s’interroger sur la difficulté qu’il a eue à nouer des sentiments durables avec une femme, même si les circonstances lui ont fait croiser le chemin d’Elisa, un jeune médecin ayant volé à son secours le jour où il avait dû affronter une crise d’angoisse.

Cinéma : fais de beaux rêves
Cinéma : fais de beaux rêves

Le livre de Massimo Gramellini, « Fais de beaux rêves, mon enfant  » qui fut un gros succès de librairie avait tout pour séduire Marco Bellocchio puisqu’il regroupait de nombreux thèmes qu’il avait déjà abordés dans ses films précédents : la famille, la mère détruite, y compris au sens propre du terme, le rôle du père, l’importance et l’impact d’un lieu, décor de vie.

En quelques scènes d’introduction, Marco Bellocchio installe l’amour complice, absolu et exclusif entre la mère et l’enfant. Un mère-enfant, midinette, admiratrice des chanteurs à la mode et amateur de feuilletons télé, face à un fils dont le regard grave laisse présager une maturité précoce.

Un père affaibli par son veuvage et une nurse distante qui ne témoigne pas à l’enfant le moindre signe de tendresse laissent à Massimo toute latitude pour des questionnements multiples et une sorte d’acharnement constant à refuser son état d’orphelin.

Quelques années plus tard, l’adolescent Massimo laisse encore à sa mère une chance de survie. Il fait croire à qui le lui demande qu’elle vit provisoirement aux États-Unis mais qu’elle reviendra bientôt.

Marco Bellocchio étale son récit sur trente années qu’il divise en trois parties distinctes : l’enfance de Massimo, son adolescence et la période où, trentenaire, il tente d’immerger par une activité professionnelle intense ce qu’il reste de ses obsessions.

Un récit qui, à chaque période, contient un événement qui va le ramener à cette mère à propos de la mort de laquelle il s’interroge toujours. Ce sera au moment de l’adolescence, la confrontation à laquelle il assistera entre son meilleur ami de l’époque face à une mère qui lui est soumise; et dans le déroulement de ses activités de journaliste, la séquence de la photo-choc que commettra son assistant en plaçant devant le cadavre de sa mère un enfant concentré sur un jeu vidéo.

Il en ira de même de « Belphégor  » le feuilleton qu’il regardait avec sa mère et dont des images reviendront de façon récurrentes.

Et lorsqu’il apprendra lé vérité sur la mort de sa mère, des images de chute vont le hanter.

On pourra reprocher à Marco Bellocchio le surlignage de certains points de son récit ou de faire cohabiter dans sa ligne narrative des épisodes trop contrastés, des séquences opportunistes.

Mais «  Fais de beaux rêves  » qui flirte avec le mélodrame s’accorde, dans ce sens, le droit d’une insistance légitime.

Une œuvre forte, magistralement interprétée…

Francis Dubois


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