A Madagascar en 1947, les rebelles insurgés contre la présence coloniale portent le nom de « Fahavalo », les ennemis de la France. Les derniers témoins de cette période évoquent leurs longs mois de résistance au cours desquels armés de sagaies et de …talismans et autres grigris, ils ont dû, pour survivre, trouver refuge dans les forêts.

Les images d’archives inédites datant des années quarante dialoguent avec les scènes de la vie quotidienne dans les villages, aujourd’hui.

Les récits des anciens et la musique hypnotique de Régis Gizavo nous transportent dans un passé colonial et nous permettent de découvrir un épisode refoulé, peu glorieux de notre Histoire de France.

Cinéma : Fahavalo
Cinéma : Fahavalo

En Août 1946, des milliers de soldats malgaches qui ont servi dans l’armée française, rentrent à Madagascar avec la certitude que de Gaulle va leur donner l’indépendance. Quand, malgré les promesses faites, ils sont renvoyés dans les plantations coloniales, certains mesurant la trahison du « Grand homme », prennent la tête d’une insurrection aussitôt violemment réprimée par les autorités françaises. Les rebelles résistent pendant dix-huit mois galvanisés par les chamanes et le savoir-faire des anciens combattants de la seconde guerre mondiale .

En choisissant de raconter l’insurrection des malgaches et la répression en retour du pouvoir colonial français en 1947, la réalisatrice et productrice Marie-Clémence Paes, (elle-même fruit de l’histoire coloniale) a pris le parti de lever des tabous et de rompre le silence qui a toujours pesé sur des événements en passe, avec la disparition des derniers témoins, de tomber définitivement dans l’oubli.

Pour Marie-Clémence Paes qui, née d’une mère malgache et d’un père français se définit comme « 100% malgache et 100% française », le documentaire est un genre puissant pour le questionnement, une machine à réfléchir et non à distraire. Un travail de mémoire qu’on ne devrait pas laisser exclusivement à la responsabilité des universitaires mais, au contraire, qui devrait, dans l’idéal, se voir confier à chaque citoyen. Elle cite Churchill qui bien qu’étant un dirigeant libéral déclara «  Celui qui ignore son passé est condamné à le revivre ».

Les crimes coloniaux sont encore douloureusement présents dans les mémoires à Madagascar et continuent d’affecter la vie des gens, souvent à leur insu. Mais qu’en est-il de la troisième et bientôt de la quatrième génération à suivre à qui, pour des raisons très personnelles, soit par besoin d’oublier à jamais, par culpabilité peut-être par ignorance ou pour épargner le souvenir, on passe sous silence ces épisodes de l’Histoire.

Modestement, avec un film qui, malheureusement aura une diffusion réduite, Marie-Clémence Paes ravive les vieilles braises, remet sur le haut de la pile un questionnement nécessaire et salutaire à propos de cette période dont certains qui se souviennent n’ont pas réussi à faire le deuil…

Francis Dubois



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