«  Éperdument  » est l’adaptation de «  Défense d’aimer  » un roman de Florent Goncalves paru en 2012, lui-même inspiré d’un fait divers.

L’affaire d’un directeur de prison qui avait noué des liens amoureux avec une jeune détenue avait, au moment des faits, passionné Pierre Godeau qui voyait là matière au film d’amour qu’il avait toujours eu envie de réaliser.

La sortie du livre a été un déclic.

 » Éperdument  » est le récit d’une histoire d’amour interdite à laquelle s’abandonnent, dans les élans d’une passion dévorante, les deux protagonistes.

Comme souvent, cette histoire fonctionne sur un effet de contraste, une dissemblance très nette entre Anna, une jeune taularde qui a déjà purgé une peine de quatre ans d’emprisonnement, mutique et charismatique, et un quarantenaire dont la vie semble toute tracée selon une ligne conventionnelle.

Jean est marié et amoureux de sa femme, père d’une petite fille et rien ne semble le prédisposer à s’abandonner à une relation que la loi et la société réprouvent.

Entre Jean et Anna, l’histoire se met en place dans un silence qui ressemble au mutisme de la jeune femme. Anna n’était sans doute pas prête à cette attirance, qui semble s’imposer à elle, pour un homme rangé, presque frileux et sans charme particulier ; pas plus que lui ne s’attendait à tomber sous le charme d’une délinquante dont on ne saura jamais pour quelle raison elle a été condamnée à cette lourde peine.

Cinéma : Eperdument
Cinéma : Eperdument

Pierre Godeau installe son histoire de façon feutrée, à pas de loup, et le spectateur est peut-être aussi surpris de ce qui survient que les protagonistes eux-mêmes quand ils se trouvent saisis de sentiments et de désir l’un pour l’autre.

Le récit passe d’une attirance mutuelle presque prudente, presque méfiante aux premiers élans consentis mais qu’Anna et Jean vivent comme s’ils s’engageaient sur une piste dangereuse avec l’idée qu’il serait toujours temps de faire machine arrière.

Puis, ce qui pouvait n’être qu’un élan passager installe ses racines, lance ses ramifications et les deux protagonistes se retrouvent pris au piège d’un immense amour débordant toutes les lignes de l’interdiction.

Le film de Pierre Godeau aurait pu n’être que le récit d’une histoire d’amour tumultueuse aux péripéties attendues, s’il n’était interprété par deux comédiens d’exception qui infiltrent leurs personnages, en adoptant un tracé de jeu tout en subtilité, délicatesse et force contenue.

Adèle Exarchopoulos dont, parlant d’elle, il faudra cesser de ne faire référence qu’au film d’Abdellatif Kechiche qui la révéla, est sans aucun doute la comédienne la plus douée de sa génération. Elle est magnifique, somptueuse.

Guillaume Galienne qui lui donne la réplique est plus en retrait mais parfait dans un contre-emploi risqué.

Francis Dubois


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