De retour en Finlande pour les vacances d’été, Leevi qui fait des études de lettres à Paris, donne un coup de main à son père pour la remise en état du chalet familial. Tareq, un réfugié syrien, architecte dans son pays, est embauché pour les aider sur la chantier. Alors que Leevi trouve refuge dans la littérature et plus particulièrement l’œuvre de Rimbaud, Tareq tente de se construire une identité dans un monde basé sur les inégalités. Loin du regard du père appelé en ville, ces deux hommes que tout sépare se découvrent l’un l’autre et l’amour qui va réunir leurs deux solitudes sera pour eux un refuge éphémère.

« Entre les roseaux  » est le premier film finlandais à aborder le sujet de l’homosexualité.

En mettant face à face le point de vue d’un émigré volontaire et celui d’un immigré syrien qui a échappé au danger et au poids des traditions de son pays, le film place au premier plan les voix restées longtemps marginales des minorités sexuelles et ethniques dans un récit sur la recherche de la liberté et de la tolérance. L’un a quitté son pays dans des conditions privilégiées, l’autre dans des conditions douloureuses et incertaines.

Les deux personnages voient la Finlande de façon différente. Leevi rejette une société conservatrice pliant sous la lourdeur des traditions alors que pour Tareq, le premier personnage syrien gay au cinéma, la Finlande apparaît comme le lieu où il peut vivre enfin librement.

Ce croisement entre ces deux chemins de vie constitue l’ossature du récit simple et touchant d’une histoire d’amour ordinaire face à laquelle va se dresser le mur infranchissable des impossibilités sous la forme des traditions, des règles sociales et des réticences persistantes qui font barrage à une attirance amoureuse homosexuelle.

Mais ce film dépasse les limites de la simple histoire d’amour quand il va, en filigrane, à l’encontre des effets du « Trumpisme » et autre « brexitisme » : frontières ouvertes, liberté de circulation, solidarité internationale.

Cinéma : Entre les roseaux
Cinéma : Entre les roseaux

L’image est belle, jamais esthétisante et les corps pris dans les élans de l’attirance, dans la fougue des étreintes, ne dissimulent rien de la fougue et de leurs frémissements.

Et il se dégage de ces moments de passion, une très grande pureté.

La camera de Mikko Makela aime les beaux paysages et les corps. Elle filme cette histoire d’amour sacrifiée avec force et émotion.

Francis Dubois


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