Avi Mograbi, cinéaste et vidéaste israélien et Chen Alon, metteur en scène de théâtre et maître de conférence à l’Université de Tel-Aviv sont allés à la rencontre de demandeurs d’asile africains que l’état d’Israël tient pour indésirables et que contraint d’accueillir, il retient dans des conditions quasi carcérales en plein désert de Néguev.

Si les habitants du camp bénéficient de quelques libertés qui les fait échapper à l’état de prisonniers entre quatre murs, ils doivent respecter un certain nombre de règles avec entre autres, un appel qui se répète trois fois par jour et qui leur interdit, du coup, d’avoir une activité professionnelle.

Par le biais d’un atelier inspiré du « Théâtre de l’opprimé », les participants interrogent le statut de réfugié.

Pourquoi Israël, terre de réfugiés, refuse-t-elle de considérer le sort de ces exilés que les guerres et les persécutions ont jetés sur les routes ?

Quel est l’élément déclencheur qui a poussé ces hommes et ces femmes à abandonner un jour tout ce qu’ils possédaient pour plonger dans l’inconnu et trouver refuge dans des pays qui leur sont hostiles.

L’Atelier Théâtre de Chen Alon auquel se sont joints des israéliens, peut-il créer un pont entre les hommes des deux communautés, pour qu’ils échangent et se rapprochent.

Cinéma : Entre les frontières
Cinéma : Entre les frontières

Quel présent et quel avenir pour ces hommes pris en étau entre l’impossibilité de retourner dans leur pays et le refus des pays où ils ont atterri par quel choix ou quel hasard, qui acceptent leur présence par obligation, mais qui ne leur propose que la solution d’un emprisonnement déguisé ou des conditions de vie telles qu’elles éprouvent en même temps que leur dignité d’être humain, l’espoir de la moindre perspective ?

Les séances d’atelier-théâtre peuvent apparaître comme une échappatoire dérisoire mais, dans le contexte de cette absence totale de perspective, ne reste-t-il plus pour ces hommes qu’à se réfugier dans un présent immédiat ?

La justification de cet atelier apparaît lorsque l’on sait que les séances de travail auront débouché sur la réalisation d’un spectacle que la troupe s’apprête à jouer dans un certain nombre de villes du pays.

Ces représentations sont une reconnaissance de l’existence de ses hommes mais également la preuve qu’une démarche militante est accessible même dans des cas extrêmes.

«  Entre les frontières  » se découpe en deux parties. Dans la première partie, des demandeurs d’asile racontent et se racontent et il ressort de leurs témoignages l’état de précarité dans lequel ils sont plongés et ce fatalisme, cette résignation qui sont peut-être leur seul recours pour survivre.

La seconde partie qui rend compte du déroulement des séances de théâtre pourrait également se redécouper en deux sous-parties : celle où les participants ne sont que des exilés et celle où de jeunes israéliens se sont joints au groupe.

Un film fort sur l’état du monde.

Francis Dubois


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