David, la quarantaine et sa femme Maya d’origine russe, entament un épisode délicat de leur vie conjugale.

Ils sont en apparence heureux dans le confort et le déroulement sans histoire d’un quotidien qu’illumine la présence pleine de vie de leurs deux petits garçons.

A des moments de complicité retrouvée ou de tendresse, succèdent des mouvements d’irritation, de lassitude incontrôlable.

Afin d’assurer une vie confortable à sa famille, David travaille de jour comme de nuit dans une maison de retraite où il assure les fonctions d’homme d’entretien.

Il est très proche d’une de ses collègues qui traverse une période de dépression mais il ne supporte pas l’idée que Maya revoie, à l’occasion d’un retour momentané dans la ville, Alexandre avec qui elle a eu, des années auparavant, une brève relation amoureuse.

La jalousie s’empare de David et la fragilité de la situation du couple qui en découle, le renvoie à un passé qui risque de faire des ravages sur son passage.

Cinéma : Early winter
Cinéma : Early winter

«  Early winter  » est le portrait tout en demi teintes des difficultés ordinaires que traverse un couple que dix ou vingt ans de vie commune dans une routine quotidienne sont venus altérer.

Les faits surviennent sans que ni l’un ni l’autre n’ait mesuré les dangers d’une lassitude dont les signes avant-coureurs étaient pourtant lisibles dans leurs rapports.

Un léger décalage s’installe chez chacun dans la perception d’une dégradation qui s’aggrave et prend de court une harmonie entre eux encore toute récente.

Et comme il faut trouver une raison à ce mal de vivre ensemble, David justifie son malaise en suspectant Maya d’avoir renoué (ou peut-être jamais rompu) avec cet homme pour lequel elle a eu autrefois des faiblesses.

La fragilité qu’engendre un doute qui devient bientôt envahissant, le renvoie à un drame qui a agité sa vie des années auparavant, dont on ne nous dévoilera pas grand-chose, mais qui, en son temps a été une lourde épreuve.

Les bases sur lesquelles ils avaient édifié une union solide se met dès lors à chanceler.

Mais les soupçons de David sont-ils le fruit de son imagination perturbée ou bien sont-ils vraiment fondés ?

Pour conduire son récit, Michael Rowe procède par touches, traitant l’essentiel de son sujet à coups de petits détails, de moments infimes, de regards, de gestes anodins, des signes d’un doute

qui s’intensifie et bientôt submerge.

Le tracé pointilliste d’un malaise grandissant est d’une belle efficacité, et le parti-pris de traiter le récit en creux produit un effet narratif troublant presqu’inquiétant.

Le caractère impulsif de David, la détermination de Maya à conserver sa part de liberté et d’autonomie sont l’occasion de scènes violentes que viennent contrebalancer les moments de solitude ou de silence où chacun s’isole pour retrouver un arrière-goût de la sérénité passée.

Une œuvre discrète, efficace et juste sur les difficultés qui jalonnent le parcours du couple; sur l’effet dévastateur du doute et sur le mécanisme infernal de la jalousie

Francis Dubois


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