Mavie (un prénom dur à porter!) est une jeune provinciale qui débarque à Paris sans projet précis.
Elle est provisoirement hébergée par une amie, Félicia. Mais les inconvénients de la cohabitation
font qu’elle doit trouver une autre solution rapidement.
Une affichette dans le bar où elle va s’attabler chaque jour pour écrire son journal va lui offrir une possibilité.
Georges, un libraire qui a pignon sur rue au Quartier Latin, est à la recherche de quelqu’un qui tiendrait sa boutique contre la jouissance d’un studio qu’il possède. C’est un vieil homme casanier qui porte beau mais qui est aigri et revenu de tout.
Leur collaboration va très vite apporter à l’un et à l’autre un remède à leur solitude et les rapprocher jusqu’à devenir intimes.
Mais Georges qui a fait partie autrefois d’un groupe révolutionnaire actif est rattrapé par son passé et doit momentanément quitter Paris.
Mavie hérite de la tenue de la librairie en attendant qu’il réapparaisse.
C’est alors qu’elle croise le chemin de Roman, un garçon de son âge. Les deux jeunes gens se découvrent très vite de nombreuses affinités…
Il fallait beaucoup d’audace à Élise Girard pour s’attaquer à un sujet si souvent traité au cinéma, depuis des décennies, de la jeune provinciale débarquant à Paris.
Elle a osé. Son talent de réalisatrice a fait le reste et voilà le défi relevé.
La construction de « Drôles d’oiseaux» est délicate, d’apparence fragile mais efficace. Elle est constituée le plus souvent au long du film de courtes séquences contemplatives mais tellement habitées par le jeu des comédiens, le cadrage et les lumières, qu’elles donnent une vraie profondeur à une narration minimaliste.
Le film est rigoureux. Les cadrages sont ciselés et le travail sur l’image et sur les lumières de Renato Berta, directeur de la photographie, y est pour beaucoup.
Son travail minutieux vient en harmonie avec le parti-pris de la réalisatrice, de conduire son récit en creux, de rester discrète sur la relation qu’entretiennent Mavie et Georges, de jouer avec le temps qui passe en multipliant de courtes ellipses.
La direction d’acteurs est à l’avenant. Construits avec minutie, les personnages sont tous remarquables jusqu’aux seconds rôles. Lolita Chammah trouve ici l’occasion d’imposer une belle présence et montre des qualités de comédienne indéniables. Jean Sorel ancien «beau gosse» du cinéma chez Visconti ou chez Bunuel, absent des écrans depuis des décennies, fait un beau retour.
Virginie Ledoyen, en l’espace de trois scènes, nous renvoie à la subtilité de son jeu et à son énergie et Pascal Cervo associe charme, charisme et tendre fragilité.
Voilà un joli divertissement tendre, dans un Paris familier, qui risque de passer inaperçu parce que sans têtes d’affiche. Sans argument racoleur.
Ce serait bien dommage !
Francis Dubois
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