Ronit est allée vivre à Manhattan où elle est devenue une photographe reconnue. Elle est partie aux États-Unis pour faire carrière mais aussi, et peut-être plus encore, pour prendre de la distance avec la communauté juive orthodoxe londonienne dans laquelle elle a grandi.

A la mort de son père avec qui elle n’avait plus de contact, elle fait un retour dans sa famille pour assister à ses obsèques.

Ronit doit affronter l’hostilité de tous les membres de la communauté à l’exception de David, son ami d’enfance.

Elle apprend d’entrée que son amie Esti, dont elle était autrefois secrètement amoureuse, est devenue l’épouse de David. Les retrouvailles entre les deux anciennes amies ravivent une passion d’adolescente dont elle découvrent qu’elle ne s’était jamais éteinte.

Sébastian Lelio est un réalisateur d’origine chilienne.

Il dresse avec «Désobéissance » le portrait d’une communauté cadenassée dans une rigidité telle qu’apparaît en filigrane du récit, la crainte de la part de ses membres de voir l’édifice sur lequel tout fonctionne se fissurer.

Le retour de Ronit représente ce danger. C’est une femme moderne et insoumise comme les redoute

la communauté.

Au contraire de Ronit, Esti est une femme soumise, capable de dissimuler tout ce qui, chez elle et qui existe au plus profond, pourrait d’une façon ou d’une autre contrarier la ligne de conduite de la communauté.

Face à elles (ou entre elles) David contribue à sa façon, avec ses hésitations à trancher, un regard nuancé, à fragiliser, même s’il est le digne successeur du rabbin décédé et père de Ronit, les règles inflexibles de la communauté.

Les retrouvailles du trio lancent un pavé dans la mare de l’ordre établi et quand les deux jeunes femmes, Ronit, l’ancienne amie de David et Esti, son épouse actuelle vont laisser éclore un amour qui ne s’était jamais totalement révélé dans le passé, c’est une véritable poudrière qui menace la communauté complètement désemparée quand elle se retrouve face à l’inimaginable en son sein, une histoire d’amour entre deux femmes.

Cinéma : désobéissance
Cinéma : désobéissance

Le film de Sebastien Lelio porte un regard au scalpel sur la force d’un édifice dont les règles fondatrices appartiennent au passé et que l’évolution naturelle de la société va mettre en péril et dont elle va provoquer l’inévitable effritement.

La construction dramatique de « Désobéissance» est parfaite et la mise en scène assez habile pour qu’un fonctionnement aussi rigide que celui de la communauté juive orthodoxe du film ne tombe jamais dans la caricature.

Mais c’est peut-être sur les retrouvailles des deux jeunes femmes que le récit pêche par insuffisance.

La passion entre elles tarde à éclater au point qu’au moment où elles laissent libre cours à leur passion, il est trop tard pour rattraper le déficit et faire qu’on y croie vraiment..

Francis Dubois


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