Béatrice et son fils Elliot viennent d’Angleterre pour faire un dernier séjour dans la maison de vacances du sud-ouest de la France qui va bientôt être mise en vente.

La rencontre de la mère et du fils avec Vincent, un grand adolescent troublant et mystérieux va bouleverser leur vie en les obligeant, l’un et l’autre, à affronter leurs désirs profonds.

Cinéma : Departure
Cinéma : Departure

Dans « Departure» Andrew Steggal saisit des personnages à un point de fragilité extrême de leur vie.

Béatrice est déboussolée par son divorce et par la vente imminente de cette maison où ils sont venus en vacances pendant les années heureuses. Ces deux échéances surviennent à un moment où la solitude la guette dans un futur livré à de nombreux questionnements.

Elliot est rendu fragile par cet âge charnière, cet âge où dans une confusion intérieure, des choix s’imposent. Il est sans doute également atteint par la vente de la maison, la séparation de ses parents, les premiers pas dans l’inconnu.

Clément dont on découvre qu’il a traversé des périodes difficiles, dissimule à peine la fragilité de ses certitudes étalées derrière une sorte d’assurance farouche.

Les rapports tendus entre les protagonistes contrastent avec le décor, des paysages qui ont conservé leur sérénité et qui accompagnaient chaque été des moments de quiétude et d’harmonie familiale.

Ils sont traités par Andrew Steggal avec beaucoup de délicatesse.

Mais c’est aussi un peu comme si sa caméra commettait une indiscrétion à plonger dans l’intimité de ces personnages dont on pourrait presque penser qu’ils ne voudraient pas que leurs états d’âme, dans un contexte extrême, soient révélés.

Et ceci, parce que précisément, ils se trouvent tous à égalité, à un point charnière de leur existence et que, pour chacun d’entre eux, tout est possible, tout peut arriver…

Elliot découvre-t-il avec son attirance pour Clément une préférence sexuelle définitive ou passagère ou bien les difficultés du moments le fragilisent tant, qu’il saisit au passage le moindre signe d’amitié qui réponde à son désir d’amour.

Chacun des éléments évidents du décor possède une force symbolique avec des arrière-plans freudiens tels la forêt de l’inconscient, l’eau exprimant sexualité et danger et le barrage évoquant la mort, le changement et la renaissance.

Peu de temps avant qu’il n’entame l’écriture du scénario de «Departure» , Andrew Steggal avait assisté à une représentation de «Rusalka» , un opéra de Dvorak dans lequel l’héroïne est une nymphe qui aspire a devenir humaine pour se rapprocher du prince dont elle est tombée amoureuse et être embrassée par lui.

Il souffle un vent mêlant à égalité douceur et cruauté sur ce récit où sont observés de très près et avec une grande sensibilité, des personnages en suspens, comme à la recherche d’eux-mêmes et d’un nouveau sens à leur vie.

Francis Dubois


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