En salles depuis le 13 octobre 2021, comme annoncé en pages culture de l’US-MAG d’octobre par une photo symbolique d’une scène finale du film, “Debout les femmes !” de Gilles Perret est son 8ème long-métrage sorti en salles. Ce réalisateur est particulièrement connu par son film de fin d’année 2016, « La Sociale », présentant de manière très dynamique l’histoire de la Sécurité Sociale, ses évolutions et les enjeux d’aujourd’hui. C’est un des rares documentaires à avoir franchi très vite le cap des 100.000 spectateurs en salles de cinéma, et il continue encore à être relayé par de multiples initiatives militantes, avec des ciné-débats syndicaux et associatifs, en particulier par la Ligue des droits de l’Homme (encore tout récemment, le 30 septembre, par une section locale LDH au cinéma de Pont-Audemer). Ce film met particulièrement en lumière le rôle important et souvent occulté du ministre communiste Ambroise Croizat dans le déploiement rapide de la branche maladie de la Sécurité sociale en 1945-46, dans le prolongement du programme unitaire du Conseil National de la Résistance « Les jours heureux », auquel Gilles Perret avait consacré son film précédent, en 2013. A aussi été très diffusé, et présenté également sur le site et dans le magazine du Snes, son film « Walter, retour en résistance » (2009), après l’indignation d’anciens déportés et résistants lors de la tentative de récupération de la commémoration du plateau des Glières par Nicolas Sarkozy. C’est ce film qui a contribué à faire connaître Stéphane Hessel bien avant qu’il écrive son célèbre « Indignez-vous ! » (2010) contre les inégalités de richesse et injustices sociales de la politique du gouvernement Sarkozy – Fillon.

Gilles Perret avait déjà noué une coopération avec François Ruffin pour son film de 2019, improvisé sur une opportunité, « J’veux du soleil », parcourant le mouvement des Gilets jaunes sous la forme d’un road-movie dynamique et généreux.

« Debout les femmes !» est un nouveau road-movie très réussi de 2 parlementaires que rien ne semblait pouvoir rapprocher. Celui qui devient ici pleinement coréalisateur, le député LFI atypique François Ruffin, fondateur du journal iconoclaste Fakir qui fête ses 20 ans, et Bruno Bonnell, entrepreneur, fidèle député de la REM… La caméra de Gilles va les suivre dans leur découverte partagée du quotidien des travailleuses invisibles de métiers du soin et du lien, notamment auprès de personnes âgées, handicapées… qui sont pour la plupart sans statuts, sous-rémunérées, sans droits à formation… Des auditions de cette mission parlementaire sur le terrain naîtra une PPL de 43 propositions (une seule acceptée en commission !), déposée en décembre 2020, en commun, en ayant tous deux en tête cette déclaration du président Macron en début de crise sanitaire : « Il faudra se rappeler que notre pays tient aujourd’hui tout entier sur ces femmes et ces hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. » La genèse et les enjeux de ce film, ont été expliqués lors de l’intervention de François Ruffin accessible en vidéo (exposé-débat de 25’46) devant le 4ème Congrès des âges et du vieillissement le 27/9/2021 à Paris où le film était projeté la veille en avant-première. Dans le prolongement, des amendements communs de François Ruffin et Bruno Bonnell sur le PLFSS, soutenus par des parlementaires d’autres groupes, ont été présentés pour revaloriser le salaire et améliorer les conditions de travail des accompagnantes d’enfants handicapés et de personnes âgées (Alter Eco hebdo, 22/10/2021). Débats parlementaires à suivre…

Au-delà de la thématique toujours bien documentée, d’autant plus compréhensible ici par tout spectateur qu’on la découvre en train de se construire, ce film reste représentatif d’une pratique cinématographique bien maîtrisée caractérisant les films de Gilles Perret, avec un ou deux personnages principaux (ici François Ruffin et Bruno Bonnell, comme pouvait l’être Jolfred Frégonara dans « La Sociale » ou Walter Bassan, dans « Walter retour en résistance ») qui vont faire lien entre les séquences, d’une histoire aux développements pas toujours linéaires (empruntant souvent dans les films antérieurs des images historiques) avec une rythmique s’appuyant sur un montage toujours très dynamique, bousculant et stimulant la réflexion, des plans de coupe artistiques et porteurs de sens, une musique et des sons essentiellement diégétiques non moins significatifs, le tout au service d’un sujet social important…
Philippe Laville

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