Takakura est un ex-détective qui a choisi de devenir professeur de criminologie. Il s’installe avec son épouse dans un nouveau quartier d’apparence paisible, à la recherche d’une vie tranquille.
Alors qu’on le sollicite pour participer à une enquête irrésolue, demeurée en attente depuis des années, sa femme fait le tour de leurs nouveaux voisins pour se présenter à eux.
Elle se heurte à leur indifférence et lorsqu’on l’accueille, elle détecte chez un homme vivant seul avec sa fille, une étrangeté de comportement…
«Creepy» est tiré d’un roman à énigme de Yutaka Maekawa dont l’idée originale est que le criminel vit à proximité du héros qui mène l’enquête pour le retrouver, qu’il ne fait pas seulement partie du voisinage général mais qu’il est un voisin direct.
Cette proximité permet de créer du suspense dans un espace limité, créant avec le choix d’un décor de petites habitations à peine séparées les unes des autres, une atmosphère à la fois conviviale et inquiétante.
Le choix des décors est toujours minutieux chez Kiyoshi Kurosawa et si les sujets qu’il aborde, le genre de cinéma qu’il traite d’une fois à l’autre change radicalement, il est un point commun à toutes ses réalisations.
Dans son dernier film sorti en France: «Le secret de la chambre noire», il avait beau avoir dressé le décor de son récit dans la banlieue parisienne, il y avait dans le choix du pavillon du photographe, et dans ses environs immédiats, une parenté avec la cité pavillonnaire de «Creepy»
Le film est construit en deux parties. La première partie fonctionne comme un récit à suspense qui distille plutôt qu’un suspense, une inquiétude qui est l’effet de la mise en place d’un léger danger latent qui pourrait menacer Takakura et Yasuko son épouse. Dans cette partie du récit, l’identité du criminel n’est pas révélée.
Mais une fois que l’on sait qui est le criminel, le film bascule peu à peu dans le thriller horrifique.
«Creepy» n’est pas seulement un film à suspense et un thriller de divertissement, c’est aussi un commentaire ironique sur les relations humaines dans la société japonaise contemporaine même si Hiyoshi Kurosawa se défend d’avoir voulu faire un film à portée sociale.
Cependant, son inspiration puisant dans le domaine du quotidien, le simple fait d’une observation précise de ses personnages et des situations éclaire sur une réalité et touche à certaines problématiques de la société japonaise.
Le fait d’avoir tourné son film en décors naturels ajoute à une impression d’authenticité.
On ne devrait jamais manquer une réalisation de ce metteur en scène inventif et talentueux. Tous ses films sont des divertissements passionnants.
Et « Creepy » ne fait pas exception !
Francis Dubois
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