Aglaé est une ouvrière zélée dans une usine de crash test automobile. Son travail où elle s’épanouit totalement est son seul repère dans sa vie.
Alors que l’annonce de la délocalisation de l’usine plonge les employés dans la désolation et la colère et que les syndicats se positionnent contre la décision, Aglaé, à la surprise générale, est prête à partir.
Son choix devient contagieux quand deux de ses collègues, Liette, la quarantaine, et Marcelle pas très loin de l’âge de la retraite décident de se rallier à sa décision.
Le voyage jusqu’en Inde étant à leurs frais, elles décident de partir dans la voiture de Marcelle. Commence alors pour les trois routardes, un périlleux périple jusqu’au bout du monde…
Il y a, à la lecture du synopsis, la promesse d’une comédie et à plus forte raison lorsqu’on ajoute à l’actif du film les noms de Yolande Moreau, de Julie Depardieu et de la moins connue des trois, India Hair, jeune comédienne un peu ronde à la bouille rigolote.
Eric Gravel, réalisateur franco-québécois a réalisé une vingtaine de courts métrages sélectionnés dans de nombreux festivals dont six ont été primés.
«Crash Test Aglaé» est son premier long et le moyen de traiter un sujet qui lui tenait à cœur : l’histoire d’un anti-héros féminin. Son personnage allait être une jeune femme dont l’usine est délocalisée. Le film reposerait sur les aventures qui l’attendent quand elle décide de parcourir le trajet jusqu’au pays lointain où elle devrait retrouver le même poste que celui qu’elle avait en France et pour lequel elle montrait de belles dispositions, au volant d’une vieille voiture…
Il y a eu, dans le cinéma français, une vague de comédies très réussies qui, bien injustement, sont passées inaperçues et pour ne citer que ces deux là : « Maman a tort » de Marc Fitoussi et « Le petit locataire» de Nadège Loiseau…
Mais depuis quelque temps, celles qui surviennent sont généralement décevantes et il semble que la recette des duos d’acteurs qui a longtemps fait ses preuves ne fonctionne plus.
«Crash test Aglaé » est malheureusement de celles-là même si à l’écriture, tous les éléments de la comédies sont réunis et si les comédiennes s’acquittent de leur partition avec cœur et énergie.
Qu’est-ce qui ne fonctionne pas? Qu’est-ce qui fait que les gags et les rebondissements qui en valent bien d’autres font long feu et agissent en pétards mouillés.
India Hair réunissait tous les atouts pour prendre à bras le corps le personnage d’Aglaé. Elle a un potentiel comique évident et pourtant…
Yolande Moreau fait ce qu’on attend d’elle et pourtant… Jamais son personnage de femme que rien n’effraie ne prend forme.
Il en est de même de Julie Depardieu qui, à plusieurs reprises, a su montrer des dons évidents pour la comédie et qui, ici, a l’air de paresser un peu et de rechigner à dévoiler ses qualités de comédienne.
Il est possible que le scénario soit bancal et que les liens aient du mal à se nouer entre un petit sujet et l’ampleur du voyage dont on ne ressent jamais la durée. Il est probable que les dialogues comportent des maladresses, des facilités, des airs de «déjà vu» et que même dans la bouche d’une comédienne éprouvée comme Yolande Moreau, il n’atteignent pas toujours l’effet de drôlerie escompté.
Et du coup, tout tombe à la trappe, la nature espiègle et spontanée d’Aglaé, la résignation au bonheur de fortune de Marcelle, la force de caractère de Liette…
Dommage!
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
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