Un beau jour, les habitants d’un village perdu du bout du monde, voient s’installer sur le plateau qui domine la vallée, un mystérieux visiteur. Il porte comme nom Cornélius Bloom, vient de nulle part et se lance sous le regard plus ou moins bienveillants des autochtones, dans la construction d’un moulin.

culture/cinéma
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S’il finit par être accueilli pour les services qu’il s’apprête à rendre au village, on note très vite un grave inconvénient à sa présence : toutes les nuits, le meunier hurle à la lune et ses cris répétés, empêchent les villageois de dormir. Dès lors, ces derniers n’ont plus qu’une idée en tête : se débarrasser de ce hurleur noctambule.

Mais Cornélius, soutenu par la belle Carmen, est prêt à tout pour défendre son moulin, sa liberté et son histoire d’amour naissante.

Pour son premier long métrage, Yann Le Quellec qui avait réussi un sans-faute avec ses courts, n’a pas choisi la facilité en adaptant «Le meunier hurlant» de l’écrivain finlandais Arto Passilinna dont l’univers grinçant et burlesque obéit aux codes du conte.

Il fallait gérer la naïveté du personnage qui se heurte sans arrêt à la norme, à un monde désenchanté, à des villageois dont aucun n’échappe à l’archétype en obéissant au catalogue attendu, souligné par une distribution de comédiens qui ont tous «la gueule de l’emploi».

Les personnages de l’épicier Cazagnol amoureux de Carmen, ceux des deux policiers Torpido et Pormino appartiennent à la farce.

Il est probable que Yann Le Quellec ait voulu donner aux situations où est plongé son personnage de Cornélius, un écho à l’actualité, reprendre avec le conte, sous une forme nouvelle mais risquée, les sujets de la peur de l’étranger, du rejet de ce qui est mal connu, du repli pour chacun dans ses habitudes et son confort.

Mais le conte, tel qu’il est abordé là, qui veut à la fois coller au réel et risquer des incursions du côté du fantastique, rate sa cible.

Cornélius est tiraillé entre l’expression de sa singularité individuelle et la norme sociale représentée
par les villageois sensés incarner le bon sens populaire, avec tous les dangers qui s’en suivent.
Le ton décalé qu’adopte le réalisateur, certaines audaces de mise en scène, ne suffisent pas à rendre la poésie du récit et ce n’est pas le personnage de Cornélius, maladroitement interprété par Bonaventure Gacon, artiste circassien, Gustave Kerven sanglé dans un rôle trop attendu ou Anaïs Demoustier (habituellement si convaincante quel que soit l’emploi) qui donnent corps au film et quelque dimension que ce soit à leurs personnages.

C’est un peu comme si Yann Le Quellec avait, dès le départ, pris le chemin sous un mauvais angle et qu’au bout du compte, il se retrouvait nulle part, en tous cas, certainement pas où il aurait fallu aller.

La démarche était ambitieuse, Les paysages sont superbes. Le cirque de Navacelles évoque le Colorado des westerns. Luc Moulet, quand il tournait «Une aventure de Billy le Kid» dans les Roubines, jouait avec l’inconscient cinéphilique du spectateur; ce n’est pas le cas pour Yann Le Quellec….

Francis Dubois


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