Sibylle, mère divorcée a peut-être déjà tout tenté pour « apprivoiser » son fils grand adolescent qu’elle regarde sombrer dans la violence et une vie vide de sens. Sa dernière tentative pour le sociabiliser, le voir se rapprocher d’elle, créer un contact qui pourrait libérer la parole consiste à l’entraîner dans un long périple aventureux à travers le Kirghizusran où sont ses racines.

Avec leurs chevaux pour seuls compagnons, mère et fils vont devoir se confronter à une population sur la défensive, à un environnement naturel aussi splendide qu’hostile.

Ce « voyage » et son déroulement chaotique qui est un coup de dés, va-t-il les éloigner à jamais l’un de l’autre ou resserrer les derniers liens qui les unissent ?

Cinéma : Continuer
Cinéma : Continuer

Avec «  Les chevaliers blancs » Joachim Lafosse avait amorcé un nouveau virage d’inspiration dans une œuvre où ses films étaient des huis-clos.

«  Continue r » vient confirmer cette nouvelle tendance : filmer de grands espaces, même si le fond de l’histoire reste ici intimiste.

Le voyage se fait à dos de cheval et les conditions du périple sont rudes. Elles consistent en de longs épisodes éprouvants comme si les circonstances difficiles étaient la meilleure chance de faire aboutir favorablement le projet de Sibylle.

Longues pistes caillouteuses, lits de rivière à sec, traversées de plans d’eau où les chevaux s’enlisent, bivouacs dangereux…

Et c’est peut-être dans ce catalogue des péripéties comme autant de passages obligés, que le film s’affaiblit dans un premier temps. Des facilités narratives auxquelles Joachim Lafosse ne nous avait pas habitués…

Sous ses allures de western « Continuer » saura-t-il conserver à ses deux personnages leur particularité et à l’histoire son objectif narratif du départ ?

Le film de Joachim Lafosse gagne-t-il en intensité à se situer dans les grands espaces qui sont prétextes à une magnifique photographie ou bien l’histoire mince s’y noie-t-elle au risque de s’y perdre ?

Les regards volontaires que multiplie Virginie Effira, les explosions d’humeur destructrices que nous offre Kacey Mottet Klein suffisent-ils à rendre crédible l’épisode douloureux dicté par des liens naturels qui ne demandent qu’à se faire jour ?

Et même si avec des moments collectifs réussis, Joachim retrouve un veine narrative convaincante et si l’issue du périple répond au désir profond de Sibylle de retrouver son fils, une impression hésitante subsiste à propos d’une histoire ambitieuse mais un peu cousue de fil blanc.

Restent le souvenir de «  Nue propriété  » ou du remarquable «  Économie du couple  » pour se souvenir de Joachim Lafosse comme d’un grand cinéaste de l’intime.

Francis Dubois


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