«Confident Royal» est l’histoire authentique de l’amitié qui s’est imposée au premier regard échangé, entre la reine Victoria et un valet indien, Abdul Karim qui, en plus de devenir son confident, deviendra son professeur d’Urdu, son guide spirituel et son ami le plus dévoué.
En 1887, Abdul Karim quitte l’Inde pour l’Angleterre où il a été désigné pour participer au Jubilé d’Or de la reine, Impératrice des Indes.
Lors d’un réception organisée dans le cadre des festivités pour les cinquante ans de règne, le jeune homme s’attire spontanément la faveur de la reine.
Cette amitié entre la vieille dame et le jeune homme de vingt-quatre ans, touchante et sincère, contraire à toutes les conventions, va soulever l’indignation au sein de la maison royale et créer un fossé entre la reine et son entourage.
En dehors du regard sur le quotidien transformé de la célèbre souveraine à la fin de sa vie, le film souligne les caractéristiques de l’Empire britannique, sa politique, son rapport à la religion et son racisme.
Si la figure emblématique de Victoria reine de Grande Bretagne, d’Irlande et impératrice des Indes est restée fixée dans les mémoires, Abdul Karim, modeste clerc indien qui a accompagné la reine au cours des dernières années de sa vie est demeuré totalement absent des livres d’histoire.
Les recherches qu’a engagées la romancière Chrabani Basu sur cet épisode important de la vie de la Reine Victoria ont été rendues difficiles notamment par le fait que le fils aîné de la reine, le Prince Albert, futur Roi Edward VII, avait pris soin de détruire la correspondance et les photographies qui pouvaient témoigner de l’amitié qui avait uni la Reine et Abdul.
Mais personne n’avait touché au journal que sa mère tenait en urdu, dont la lecture révélait l’incroyable amitié.
Ses recherches ont pu être complétées quand, à Karachi au Pakistan, elle a pu prendre contact avec un petit neveu d’Abdul et prendre connaissance du journal qu’avait tenu son aïeul à l’époque où il avait quitté l’Inde pour la Grande-Bretagne.
Stephen Frears dont la marque de fabrique est l’habileté à traiter un fait historique ou social d’ un point de vue à la fois respectueux et irrévérencieux, s’imposait pour prendre les commandes d’un tel projet.
Car cette histoire insolente vis à vis de la règle établie, qui date de la fin du dix neuvième siècle a des résonances très actuelles sur la nécessité d’ouverture d’esprit et sur les échanges nécessaires entre les différentes cultures.
En plu d’être un très beau livre d’images (la photographie est très belle et le travail sur les costumes, la reconstitution et les paysages est remarquable) « Confident royal » pose un regard sans concession sur un palais royal figé dans dans le protocole, les règles ancestrales.
Magnifique, somptueux et lucide…
Francis Dubois
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