Au Mexique, dans un décor dévasté, Huck une petite fille, vit dans une caravane avec son père, à proximité d’un terrain de base-ball désaffecté. Certains soirs, les narcos organisent sur ce lieu des matchs avec bière, crack, violence et en prime, de redoutables bagarres qui fragilisent et mettent danger la vie de ceux qui vivent à proximité.

A l’occasion de ces matchs, Huck est obligée de masquer son visage ou de revêtir des vêtements trompeurs, de modifier son apparence féminine car on raconte que dans le feu de ces matchs, des filles se sont fait enlever.

Elle et ses copains qui constituent une sorte de bande à la Peter Pan passés maîtres dans l’art du camouflage, ont pour projet d’éliminer le chef des narcos, terreur redoutable et sans limites qui règne sur ce no man’s land.

cinéma : Comprame un revolver
cinéma : Comprame un revolver

A l’origine, Hernandez Gordon avait pensé à une adaptation de Huckelberry Finn (une terrifiante plongée de la nature humaine de Mark Swain) situé dans un futur apocalyptique jusqu’au moment s’est imposée l’idée que le personnage principal de son film serait une fillette très attachée à un père soumis et vulnérable.

« Comprame un revolver  » est une histoire d’amour filial et de survie qui se déroule dans un espace sans règles, un royaume de la loi du plus fort où rien n’a plus d’importance sinon tromper la mort dans un Mexique sauvage, où la vie des personnes ne dépend parfois que de l’humeur capricieuse et fluctuante de criminels friands de cruauté.

Le film d’Hernandez Gordon qui pourrait être une sorte de mélange de Mad Max, de Mark Twain et de Peter Pan marie à la fois les codes du conte et ceux du film noir.

Longtemps Hernandez Gordon, au cours de ses déplacements, a été à la recherche d’un terrain de base-ball qui servirait de décor à son film.

Ses attentes étaient précises car le lieu où allait se situer l’essentiel de son film, qui était d’une importance capitale pour servir au mieux le récit, devait correspondre à l’image précise qu’il avait imaginée lors de l’écriture du script.

Le terrain de base-ball qu’il recherchait avec le même soin qu’un réalisateur à la recherche du meilleur casting, devait avoir une apparence qui se prête à la poésie du film mais également révélateur du climat pesant et inquiétant qui parcourt le récit et qui dans un périmètre géographique limité, allait servir de toile de fond à une histoire non réaliste proche d’un univers tout droit sorti des débordements de l’imagination des enfants.

« Compra m e un revolver » parvient à cet équilibre fragile entre les deux univers contradictoires de la poésie d’une réalité cruelle et de l’insouciance de l’enfance.

Le récit reste fidèle aux rêveries puériles et à la cruauté aveugle de l’homme qui, quand il a besoin de compenser ses manques et faiblesses, se montre d’autant plus jaloux de son pouvoir.

Le film d’Hernandez Cordon trouve sans doute tout son sens avec l’arrivée de régimes totalitaires à la tête de nombreux pays dans le monde.

Un beau film pétri de toute la tendresse et la cruauté dont le monde est capable.

Francis Dubois


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