Daniel Mantovani, une écrivain argentin, vient de se voir attribuer la Prix Nobel de littérature. Il est, de ce fait, très sollicité, invité de toutes parts mais, de nature disctète, il répond rarement par la positive à ces sollicitations émanant des quatre coins du monde.
Un jour, au milieu d’autres invitations, il en reçoit une qui le trouble particulièrement qu’il décline dans un premier temps et qu’il finit par accepter.
Celle-là provient de Salas, le village dont il est natif, où il a vécu les vingt premières années de sa vie mais où il n’est jamais retourné depuis quarante ans.
Il a perdu contact avec Salas même si les habitants de son village ont souvent, à leurs risques et périls, servi de support à ses récits et ont inspiré de nombreux personnages de ses fictions romanesques.
Mais est-ce vraiment une bonne idée pour Daniel Mantovani que de revenir à Salas et de retrouver, décalé dans le temps, dans les mentalités sclérosées, des individus avec qui il n’a plus beaucoup de choses en commun, qui ont pour la plupart d’entre eux plongé dans la médiocrité et dont les velléités dans le domaine artistique, entre autres, sont pitoyables.
Daniel Mantovani, du moment qu’il a accepté l’invitation, devra-t-il jouer le jeu de la demande ou prendre le risque de se montrer intègre et de refuser toutes les petites compromissions vers lesquelles on le conduit ?
Salas est une petite ville située loin de Buenos-Aires, refermée sur elle même et Daniel Mantovani, avec la rigueur qui le caractérise, va, en l’espace de quatre jours, passer de l’être représentant la fierté du village à l’homme à abattre, celui qui aura refusé de truquer à des fins tactiques un concours de tableaux d’artistes locaux, de répondre à certaines invitations, voire de financer un fauteuil roulant électrique pour un handicapé au prétexte qu’il ne peut se substituer à une ONG.
Daniel Mantovani est-il, au titre de son intégrité, un héros? Ou, au contraire un anti héros pour des raisons de vanité ou de curiosité douteuse qui l’ont conduit à accepter, sachant certainement où il allait en acceptant cette invitation. Mais pouvait-il imaginer à quel point les mesquineries, l’étroitesse d’esprit, les mentalités épaisses ou intéressées ne feraient qu’une bouchée d’une célébrité sensée le tenir à l’abri des comportements d’esprits primaires ?
« Citoyen d’honneur » est une comédie grinçante dont la principale qualité est de n’être jamais excessive jusque dans sa démarche démonstrative, même si les situations où est plongé Daniel Montovani flirtent parfois avec la caricature, si le catalogue des personnages auxquels il se trouve confronté est parfois attendu : la fiancée de l’époque mal guérie d’avoir été abandonnée, son ami d’autrefois alcoolique, adepte de la chasse au sanglier en 4/4, la jeune allumeuse non insensible à la célébrité, le benêt fin tireur….
Une oeuvre forte qui reste une réjouissante comédie.
Francis Dubois
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