En 1989, on comptait plus de quatre cents salles de cinéma en Roumanie. Aujourd’hui, il n’en reste plus qu’une petite trentaine.

«Cinéma mon amour » est l’histoire d’un combat. Celui de Victor, directeur de cinéma depuis plus de quarante ans et cinéphile militant, qui se bat au quotidien avec l’aide de ses deux employées pour tenter de sauver sa salle.

Pris entre nostalgie et projets d’avenir, Victor tente de résister avec passion contre la menace de fermeture de son cinéma..

Cinéma : Cinéma, mon amour
Cinéma : Cinéma, mon amour

Alexandru Belc qui, enfant, vivait dans une grande ville de Roumanie, allait régulièrement au cinéma. Le cinéma étant le seul divertissement à l’époque, les salles étaient remplies et il était courant de ne pas obtenir un ticket d’entrée tant l’affluence était importante.

Il rêvait d’entrer un jour dans la cabine de projection qui était pour lui un lieu mystérieux mais il n’ a pas eu le temps de découvrir ce qui se passait derrière cette porte car les cinémas ont fermé et les affiches des derniers films projetés sont restées dans le vitrines jusqu’à ce qu’elles soient décolorées par le soleil.

Ce sont ses souvenirs d’enfant qui l’ont motivé pour réaliser « Cinéma, mon amour».

Alexandru Belc a fait, avec son producteur, un long travail d’enquête consistant à recueillir l’histoire des rares salles qui subsistaient le plus souvent grâce à la volonté acharnée de leurs directeurs.

En Roumanie, l’industrie cinématographique subit un système et des lois qui évoluent dans le mauvais sens et il est devenu très difficile de mener un projet du film à son terme. En dehors de cette difficulté, il est également devenu très difficile de montrer une œuvre réalisée, faute de salles où la projeter dans le pays. Il faut savoir que Cristian Mungiu, cinéaste roumain mondialement reconnu depuis sa Palme d’Or pour « 4 mois 3 semaines et 2 jours» a aujourd’hui beaucoup de mal à montrer ses films dans son propre pays.

Le film d’Alexandru Belc va-t-il servir à modifier la situation ? Il a été projeté à Bucarest en présence du Ministre de la Culture et des directeurs des institutions qui ont en charge la gestion des salles de cinéma. Ils ont, lors de cette projection, découvert à quel point la situation était critique.

Les cinémas étant propriété de l’état, il n’existe aucune salle privée.

Le public existe toujours mais il est devenu exigeant et il demande des conditions de projection favorables, une image de qualité, des confiseries (?) et des fauteuils confortables.

«Cinéma, mon amour» qui raconte une version alternative de la chute du communisme, est l’histoire d’un combat de chaque jour auprès des institutions et auprès du public. D’un combat pour obtenir des bonnes conditions qui incitent les spectateurs à continuer à fréquenter les salles.

C’est l’expression d’un triste constat mais le film porte également, à travers l’acharnement de Victor, un regard optimiste sur l’avenir.

A certains moments, quand il raconte des anecdotes, une étincelle se met à luire dans les yeux d’Alexandru Belc.

Un très beau documentaire et une sonnette d’alarme adressée à tous les pays que menace l’arrivée d’une politique imperméable à une culture ouverte et de recherche.

Francis Dubois


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