En 1990, débute la guerre en Yougoslavie. Des hommes jeunes venant de toute l’Europe y prennent part. Christophe, un journaliste-reporter suisse décide d’aller sur le front en Croatie, à la frontière de la Serbie. Ne voulant pas rester en position d’observateur, il s’engage dans un groupe international de mercenaires. C’est dans cette tenue qu’il est retrouvé mort en Croatie.

Cinéma : Chriss the Swiss
Cinéma : Chriss the Swiss

Vingt ans plus tard, sa cousine, la cinéaste Anja Kofmel mène des investigations sur le contexte de l’époque, dans ce pays éclaté afin de comprendre pourquoi Christophe (Chris the Swiss est son surnom d’emprunt) comme beaucoup d’autres, furent à ce point, fascinés par la guerre.

Le film d’Anja Kofmel fonctionne en parallèle sur deux formes de récit : une animation qui pourrait correspondre à ce qu’imagine la réalisatrice pour combler les moments manquants dans le cheminement de Christophe et une partie documentaire où interviennent de façon plus classique des proches du jeune reporter, sa mère, son père, son frère et des personnes qui ont été en contact avec lui professionnellement.

En dehors du fait que le graphisme de la partie dessinée est très réussi, c’est surtout l’équilibre entre la partie animation et les images réelles qui fait de « Chris the Swiss » une œuvre puissante et passionnante. Car si le film révèle beaucoup de points de la personnalité et du cheminement de Chris, il conserve au personnage une part de mystère.

Le film d’Anja Kofmel comporte entre autres qualités esthétiques et documentaires celle de rendre complètement limpide l’éclatement du pays et la complexité des enjeux politiques, les terribles conflits et les massacres qui en ont résulté.

Il fait également la lumière sur les motivations qui peuvent avoir poussé tant de jeunes gens, dans le début des années 90, à s’engager de façon active dans les conflits.

Christophe n’a pu se contenter de se comporter en observateur chargé de rendre compte de ce qu’il pouvait voir. Il s’est engagé dans la lutte, débordant largement les limites de la mission pour laquelle il s’était au départ, officiellement engagé.

Le récit laisse supposer que ce garçon originaire d’un pays «hors conflits guerriers» qui s’est propulsé en premières lignes dans un pays en guerre, était sans doute un agent secret au service de son pays.

Le film, par l’intermédiaire des questionnements de la cinéaste et de l’enquête personnelle qu’elle mène, tente de revenir avec le plus possible de clarté, sur l’une des plus grandes tragédies qu’aura connu le vingtième siècle européen à la suite de la chute du bloc soviétique et aux enjeux et manipulations politiques complexes qui ont suivi.

« Chris the Swiss  » est une réussite formelle totale qui traite à la fois des pages sombres de l’Histoire et des blessures intimes.

A ne manquer sous aucun prétexte.

Francis Dubois


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