Armand et Leila, étudiants à Sciences-Po, forment un jeune couple d’amoureux.
Ils ont comme projet immédiat de partir à New-York pour y faire leur stage de fin d’études.
Mais quand Mahmoud, le frère aîné de Leila revient d’un long séjour au Yémen au cours duquel il est devenu un religieux radical, il s’oppose à la relation amoureuse de sa sœur, à son départ aux États-Unis et veut amener son frère cadet à partager ses convictions.
Leila cloîtrée, Armand n’a plus, pour la revoir et donc forcer le barrage qu’oppose Mahmoud, que d’imaginer une supercherie: enfiler un voile intégral et passer pour une militante intégriste.
Le lendemain, une certaine Shéhérazade au visage voilé se présente à la porte de l’appartement de Léila.
Mahmoud l’accueille comme une sœur religieuse et très vite, il succombe au charme et au charisme de la jeune femme…
La première condition pour adhérer au film est d’ admettre que l’on peut réaliser une comédie débridée sur le thème de l’islam radical.
Il est peut-être un peu tôt pour inviter à faire rire sur le sujet aussi brûlant et douloureux.
Si on fait abstraction de cette réserve, on peut se laisser porter par un film qui ne manque pas de rythme et qui fonctionne avec finesse sur les ressorts classiques de la comédie : supercherie, travestissement, voix maquillée, poursuites de voitures haletantes, militantisme traité à gros traits…
La façon pour Sou Abadi de traiter le sujet est plutôt adroite et les invraisemblances font partie du jeu. Pour se laisser porter par le récit qui prend des airs de conte, il faut admettre que Mahmoud soit assez naïf pour ne jamais déceler la supercherie et qu’il puisse tomber amoureux de cette «sœur» dont il ne serait pourtant pas difficile de découvrir qu’elle est un homme.
Mais la comédie l’emporte et au bout d’un moment le pragmatisme baisse les bras et se laisse prendre au grosses ficelles du rire à tout prix et à des rebondissements toujours inattendus, souvent irrésistibles qui nous entraînent jusqu’à un final, dans une sorte de tourbillon narratif, particulièrement cocasse et réussi.
«Cherchez la femme» doit également beaucoup aux comédiens, au très prometteur Félix Moati mais également à des seconds rôles irrésistibles et notamment celui de la mère d’Armand interprété par une Anne Alvaro grandiose.
Sa seule composition justifierait qu’on aille voir la film.
Francis Dubois
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