Paul et Myriam sont un couple de trentenaires d’aujourd’hui. Il est producteur dans le domaine musical et elle, est avocate.

Elle s’est mise en stand-by pour s’occuper à plein temps de ses deux jeunes enfants jusqu’au jour où, n’en pouvant plus de se retrouver « cloîtrée » et réduite à son rôle de mère au foyer, elle décide d’un commun accord avec son mari, d’embaucher une nounou afin de retrouver une vie sociale et d’exercer de nouveau son job d’avocate.

Après avoir testé une série de postulantes, le choix de Paul et Myriam se porte sut Louise, une femme expérimentée, rompue à la garde des enfant.

Consciencieuse, dévouée ne comptant ni son temps ni sa peine, elle apparaît comme la perle rare.

Mais petit à petit, à force de perfection, elle se met à occuper une place centrale au sein de la famille.

Pourtant, au bout de quelques temps, certains comportements chez Louise montrent des signes inquiétants de dérive….

Il faut peut-être ne pas avoir lu le livre de Leila Slimani pour apprécier pleinement le film de Lucie Borleteau qui en est pourtant l’application fidèle.

Tout le film est à l’image du choix de Karin Viard pour l’interprétation du rôle Louise.

Une interprétation parfaite mais qui reste à la surface du personnage sans l’habiter vraiment.

Dans le livre, Leila Slimani laissait son personnage physiquement à l’état de silhouette. Elle pouvait avoir tous les âges, gardait une grande part de mystère et cette marge laissait toute sa place à l’image que chaque lecteur pouvait se faire d’elle.

Ici, Louise est Karine Viard et du coup le personnage est totalement privé de ce mystère sur lequel reposait toute la montée dramatique du récit. On connaît trop la comédienne et celle-ci a beau charger son interprétation d’ambiguïté, multiplier les jeux de regard inquiétants, les éclats de rire hystériques, on est avant que l’histoire ne nous en révèle la folie, renseigné sur la capacité à aimer et à détruire de Louise.

Tous les éléments du drame sont en place et interviennent dans le déroulement du récit à bon escient et au bon moment. Cependant il manque certainement cette menace larvaire, souterraine qui, dans le roman, se logeait dans les interstice de l’histoire.

«  Chanson douce » est un film « au grand jour » auquel il manque des zones d’ombre, quelque chose d’impalpable mais d’essentiel

Du coup, les qualités du film, et il n’en manque pas, passent un peu à la trappe : le choix des autres comédiens à commencer par Leila Bekhti magnifique dans l’interprétation d’une femme discrète mais déterminée, Antoine Reinartz en homme un peu veule, un peu transparent ou Noëlle Renaude qui renouvelle le personnage de la grand mère proche.

On attendait peut-être de l’adaptation du roman de Leila Slimani autre chose que le déroulement d’une histoire tragique.

Francis Dubois

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