Sans diplôme et parti de très bas, devenu à force de volonté cadre supérieur dans une grande compagnie de fret maritime, Franck a de tout temps consacré sa vie au travail. Alors qu’il doit réagir dans l’urgence à une situation de crise survenue à bord d’un cargo, il prend seul une décision qui va lui coûter son poste. Faute professionnelle ou prétexte à écarter un collaborateur estimé en bout de course ? Profondément choqué par son licenciement brutal dont il découvre la vraie raison, trahi par un système auquel il a tout donné, il est contraint, en se résignant à la décision, de remettre toute sa vie en question.

Cinéma : ceux qui travaillent
Cinéma : ceux qui travaillent

Le film d’Antoine Russbach serait le énième qui raconterait le choc d’un licenciement, du chômage et ses répercussions si la victime n’était un homme jusque là nanti et que tout laissait penser qu’il était à l’abri de tout revers professionnel.

Et c’est tout l’intérêt de faire un film social du point de vue de la classe dominante et dans un pays riche, la Suisse, où le taux de chômage est de 3% et baisse chaque année.

Si l’ouvrier est aliéné par son contremaître dans un rapport de domination très clair, en revanche un haut responsable d’une entreprise pourrait être considéré comme son propre chef.

C’est dans cette idéologie que s’inscrit le personnage de Françk pour que le film d’Antoine Russbach interroge sur la nature humaine et sur son impact dans les systèmes ravageurs que nous construisons.

L’idée de départ prometteuse devient moins intéressante quand elle se met à cumuler les clichés et persiste dans la pente habituelle qui accompagne le sujet, que le récit se met à être prévisible et si «  Ceux qui travaillent » met en lumière les aberrations du système capitaliste et s’il nous met face à ses hypocrisie, dans le traitement, il reconnaît ses règles du jeu et selon les propos du réalisateur qui se défend d’avoir réalisé un film pro capitaliste, (autant qu’un film anti capitaliste) il considère aussi fautifs la droite politique pour qui le système va finir par s’autoréguler que la gauche qui veut sauver le monde en détruisant le système. Selon lui toujours, son film est politique mais non polarisé.

L’intérêt du film qui persiste, réside dans le respect et la singularité de départ du sujet mais il s’estompe lorsqu’on y greffe les poncifs : le silence dans lequel se terre le nouveau chômeur vis à vis de ses proches qui l’amène, le moment venu, à se retrouver plongé dans un isolement encore plus grand, l’attitude plus ou moins indifférente de sa progéniture révélant un égoïsme générationnel, duquel se dégage une exception, le comportement d’un des enfants.

«  Ceux qui travaillent » peut se voir sans déplaisir et répondre à l’attente du sujet qu’il aborde mais le film ne dépasse jamais le périmètre de la réalisation qui reste à hauteur du sujet qui pose les problèmes proprement et surtout un peu sagement, du film à partir duquel un débat peut s’engager.

Les comédiens accompagnent efficacement le récit. Olivier Gourmet est comme d’habitude, très bien.

Francis Dubois


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